Le Ghana rêve de boom pétrolier

Le Ghana espère gagner des milliards de dollars de l'exploitation pétrolière pour doper son économie en berne, grâce à une décision de justice qui a tranché en sa faveur dans un différend maritime avec son voisin ivoirien.
Accra produit de l'or noir à grande échelle depuis 2010, après la découverte de gisements offshore, considérés comme les plus importants en Afrique de l'Ouest depuis dix ans. Un tournant qui a permis un regain de croissance propulsant le pays anglophone au rang d'économie émergente, et a éveillé l'intérêt des investisseurs étrangers.
Mais l'exploration pétrolière a subi un coup d'arrêt il y a trois ans, quand la Côte d'Ivoire a accusé le Ghana de mener des forages offshore empiétant sur ses eaux territoriales. Après d'infructueuses négociations, l'affaire a atterri devant le Tribunal international du droit de la mer (TIDM), qui a finalement tranché en septembre : "le Ghana n'a pas violé" la souveraineté ivoirienne.
Selon l'opérateur Tullow Oil, la production de ses champs Twenboa, Enyenra et Ntomme (TEN) - situés à la frontière entre les deux pays - est actuellement d'environ 50.000 barils par jour et se maintiendra jusqu'à la fin de l'année. L'objectif est d'atteindre 80.000 barils par jour grâce à la mise en service de nouveaux puits d'ici deux ans. Les champs TEN font partie du bassin de Tano qui abrite des réserves estimées à 3 à 4 milliards de barils.
D'après l'économiste Theo Acheampong, au prix actuel de 55 dollars le baril, les champs opérés par Tullow dans le bassin du Tano pourraient rapporter jusqu'à 165 milliards de dollars. "C'est vraiment ce qui était en jeu dans cette décision" du tribunal maritime, a déclaré Theo Acheampong, du cabinet IHS Markit basé à Londres. Et dans cette zone du golfe de Guinée réputée riche en gaz et en pétrole, il y a encore probablement davantage à découvrir, selon lui.

Besoin de coopération

Comparé à d'autres pays producteurs de pétrole en Afrique, comme le Nigeria et l'Angola, qui produisent plus de 1,5 million de barils par jour, la production du Ghana reste marginale.
Selon Theo Acheampong, les milliards attendus de l'exploitation de nouveaux gisements n'aboutiront cependant pas nécessairement au redressement économique du pays. À partir de 2011, l'économie ghanéenne a certes connu de beaux jours, avec des taux de croissance supérieurs à 14 %, mais a ensuite ralenti alors que l'inflation et la dette publique flambaient.
Le gouvernement a obtenu un prêt de 918 millions de dollars du Fonds monétaire international en 2015, à condition d'instaurer une discipline budgétaire accrue, de ramener l'inflation à un niveau plus bas et de consolider ses finances publiques. La reprise devrait se poursuivre cette année et en 2018 avec des estimations de croissance à 7,1 et 8 %, selon la Banque africaine de développement. Cela dépendra de "la mise en service de nouveaux puits d'hydrocarbures et de la résolution rapide des problèmes techniques qui ont entraîné des perturbations sur le champ pétro-gazier Jubilee (très gros gisement également opéré par Tullow Oil, NDLR) en 2016", a ajouté l'institution financière.
Le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, a déclaré le mois dernier que la décision du tribunal avait ouvert des "possibilités de développement, de progrès et de prospérité". Depuis sept ans, quelque 3,5 milliards de dollars ont permis, selon les chiffres officiels, de financer des projets de développement, de nouvelles routes et des hôpitaux, comme le veut la loi ghanéenne, qui oblige à réinvestir une part des revenus de l'or noir dans des secteurs prioritaires.
La Côte d'Ivoire s'est de son côté engagée "à respecter la décision" du tribunal de la mer et à "collaborer pleinement pour sa mise en œuvre", dans un communiqué signé conjointement avec le Ghana en septembre. Le président ivoirien, Alassane Ouattara, s'est entre-temps rendu à Accra en octobre dans ce qui a été interprété comme un signe de réconciliation destiné à rassurer les investisseurs.
Pour Benjamin Boakye, directeur exécutif du Centre africain pour la politique énergétique, au lieu d'envenimer les relations, le jugement du tribunal semble avoir paradoxalement renforcé les liens entre les deux voisins. "Compte tenu du nombre de découvertes des deux côtés de la frontière, il est possible qu'à un moment donné les pays doivent s'unir (pour gérer ensemble, NDLR) une découverte", a affirmé Benjamin Boakye. "Donc ce type de coopération est nécessaire."

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