
© Charles André
Le Groupe Charles André, un des principaux transporteurs routiers français, a assigné mardi 10 mars les fédérations CGT, CFDT, FO et CFTC des transports devant le tribunal de grande instance de Paris, pour des blocages organisés en janvier lors des négociations salariales. La requête a été transmise à la justice cinq jours avant le lancement, dimanche 8 mars, d'une grève à durée indéterminée et d'une nouvelle vague d'actions de blocages décidées par ces mêmes syndicats, pour pousser le patronat à reprendre le dialogue. Les négociations annuelles obligatoires dans le transport routier de marchandises (près de 330.000 salariés fin 2013), marquées par dix jours de grève en janvier, se sont conclues le 9 février sur un constat d'échec. Le Groupe Charles André (GCA), soutenu par six de ses filiales (Citaix, Citernord, Oissel Transports, Sonotri, Tea Lyon et Transports Baudron), reproche aux syndicats le "blocage illégal" de ses sites pendant le mouvement social, selon le document envoyé au TGI de Paris. Ces "actions de forces, illégales, de blocus", menées "par des personnes extérieures à l'entreprise", constituent selon le transporteur un "détournement du droit de grève", dans la mesure où aucun de ses salariés n'a "participé à ces mouvements", ni même ne s'est déclaré gréviste, affirme-t-il. La CGT Transports s'est dite "forcément estomaquée par cette assignation" qui est "clairement une tentative de faire pression à quelques jours de la reprise du conflit", selon son secrétaire général, Jérôme Vérité. "C'est évidemment pour nous une atteinte à la liberté du droit de grève, donc on ne laissera pas passer", a-t-il ajouté. La procédure judiciaire ne "va pas faire refroidir la marmite", a renchéri Thierry Douine, président de la CFTC Transports, qui prédit un durcissement du conflit à venir. Une intersyndicale (CGT, FO, CFTC, CFE-CGC) avait bloqué des sites appartenant entre autres au transporteur et avait réalisé des opérations escargots sur certains axes routiers. La CFDT Transports, majoritaire, avait mené des blocages en solo pour la seule journée du 28 janvier. Le motif "réel" de ces actions n'était "pas l'aboutissement des revendications dans le cadre des négociations annuelles mais bien des actions destinées à faire pression sur le groupe", selon GCA. L'entreprise estime avoir été visée en priorité par les manifestants car son secrétaire général, Jean-Christophe Pic, occupe également la présidence de la principale organisation patronale de la branche, la FNTR. Pour le transporteur, "le droit de grève a été sciemment et volontairement détourné de son objet et de sa finalité par les syndicats nationaux". Il réclame, en contrepartie du "préjudice économique et financier" subi, 307.000 euros en dommages et intérêts.