
© RFF/Capa/Stéphane Zaubitzer (Toma)
La proposition du Conseil général concernant la LGV Rhin-Rhône a pris tout le monde de court. Et, surprise, elle n’a pas été balayée d’un revers de main à Paris. Dans la torpeur de l’été, Charles Buttner, président du Conseil général du Haut-Rhin, a dévoilé un projet de montage inédit pour achever la branche Est de la LGV Rhin-Rhône, reléguée comme tant d’autres à l’après-2030 par le rapport Duron : que la part de l’État estimée à 300 millions d’euros soit financée par un emprunt et que ce soit les collectivités locales qui prennent en charge les intérêts. L’idée, c’est peu dire, n’a pas soulevé l’enthousiasme des présidents de la Région Alsace et du Conseil général Bas-Rhin, dont les relations avec Charles Buttner sont au plus bas depuis l’échec du référendum sur la collectivité unique alsacienne au printemps dernier.
"La branche Est de la LGV a été reléguée à l’après-2030"
Mais l’intéressé n’en démord pas et il peut se prévaloir d’une marque d’attention inattendue au plus haut sommet de l’État : François Hollande, dans un courrier de réponse, fait savoir que cette option de financement mérite une étude et qu’il en confie la mission à Frédéric Cuvillier.
"Un euro par habitant"
Quelles sommes sont en jeu ? Charles Buttner évoque 100 millions d’euros d’intérêts à payer – Philippe Richert, président de la Région Alsace, pousse à 200 millions. Selon Charles Buttner, "le montant à la charge des collectivités atteindrait 5 millions d’euros par an sur la base d’un taux à 1,5 %. Si les trois régions Alsace, Bourgogne et Franche-Comté disent oui, cela donne 1 euro par habitant, avec lequel on peut achever la LGV tout de suite au lieu de jamais".
L’élu haut-rhinois ne désespère pas que son estimation soit revue à la baisse car l’investissement total (850 millions d’euros pour 35 km entre Belfort et Mulhouse, 1,15 milliard en ajoutant les 15 km à l’ouest de Dijon) lui paraît surestimée. Concernant la clé de répartition du financement, le document de référence actuel est un protocole d’intention signé début 2012. Il table sur une participation de RFF de même hauteur que pour la première tranche, soit 28 %, et sur une subvention de l’Union européenne de 200 à 250 millions d’euros. Ce qui laisse quelque 600 millions d’euros à se partager, à part égales selon cet accord, entre l’État d’une part et l’ensemble des collectivités locales d’autre part.