Le Havre : "2020, l’année de tous les contrastes" pour Baptiste Maurand

Les mouvements sociaux puis la pandémie ont fortement impacté le trafic maritime 2020 du Havre, qui affiche une baisse de 27 % à fin août, souligne Baptiste Maurand, le président du Directoire du Grand Port maritime du Havre. Mais 2020 est aussi l’année qui voit le début d’importants travaux et le maintien des programmes d'investissements prévus.
Comment analysez-vous la création d’un ministère chargé des questions maritimes ?
C’est un message de soutien et un signal encourageant pour l’ensemble des professions maritimes et portuaires : la mer fait partie intégrante de la relance économique. Car les questions économiques, industrielles, énergétiques, écologiques se retrouvent toutes dans un même carrefour que sont les ports.
De plus, le plan de relance annoncé début septembre comprend la transition écologique et énergétique. Or, les ports français sont les moteurs de la croissance verte au cœur de cette transition. Et au Havre, ce plan nous permettra d’assumer ce rôle de fer de lance que nous voulons tenir : nous accueillons l’usine d’éoliennes offshore et travaillons à développer la filière d’hydrogène vert, la décarbonation des transports maritimes, l’électrification des quais de nos terminaux et de l’axe Seine ou encore, bien sûr, le fret ferroviaire.

Après les grèves puis la crise sanitaire du coronavirus, quelle est la situation économique et financière du port du Havre ?
Le port a souffert des mouvements sociaux de décembre 2019 et janvier 2020, qui répondaient à des mots d'ordre  nationaux mais ont eu un impact très local. L’année a donc commencé avec un réel handicap et une tendance baissière qui s’est poursuivie mi-mars avec la crise de la Covid-19 quand, territoire après territoire, les confinements se sont succédé. Or, un port comme Le Havre est extrêmement connecté à l’économie mondiale par le secteur du conteneur très lié à la demande. Moins de trafic signifie forcément moins de droits de port et nous prévoyons une perte d'environ 20 %, soit 40 millions d’euros sur un chiffre d’affaires de 190 millions.


Allez-vous poursuivre les mesures commerciales mises en place en début d’année ?
Toute la place portuaire s’est mobilisée. Dès février, nous avons proposé des mesures commerciales pour relancer l’activité, avec un premier dispositif de remises sur les droits de ports des armements maritimes dans le secteur du conteneur. Le 2 mars, un accord de place exceptionnel a été signé, avec la mobilisation de tous les acteurs économiques de la place, des services aux navires jusqu’à la manutention. De nouvelles mesures commerciales ont été proposées pour le conteneur et le roulier, comme la prise en charge de surcoûts de stationnement prolongé de conteneurs et des remises pour les services aux navires. Cet effort financier s’est élevé à une dizaine de millions d’euros.
Haropa a aussi été le précurseur de mesures comme le report des loyers et charges de nos clients : les échéances prévues avant le 31 mars ont été reportées à juillet, ce qui a permis à la place portuaire de passer le cap de la crise en comptant sur la trésorerie du port, soit plus de 25 millions d’euros ainsi mis à la disposition de nos clients. Et tout le monde a tenu bon, le port est resté opérationnel 24 heures sur 24, toute la chaîne d’approvisionnement a fonctionné et nous avons traversé la crise sans rupture de continuité de service, alors que la France était à l’arrêt.
Nous restons bien sûr à l’écoute de nos clients, poursuivons nos tournées commerciales, maintenons le dispositif de soutien Push, centre d’informations et d’expertises permettant d’accompagner les entreprises. Et en 2021, nous aurons un axe Seine unique, avec la fusion de ports complémentaires et de nouvelles conditions de compétitivité.

La crise va-t-elle remettre en cause les grands chantiers prévus et leurs investissements ?
2020 a été l’année d’une conjonction d’événements jamais connue : les mouvements sociaux, l'épidémie du coronavirus comme l’arrêt technique de la raffinerie Total de Normandie ont pour conséquence une mauvaise année en termes de trafic. Mais 2020 est aussi l’année de tous les contrastes, avec le démarrage du chantier de l’éolien offshore, la signature du contrat de concession pour les 700 mètres de quai supplémentaires à Port 2000, le démarrage de sites logistiques importants, la signature d’un contrat de concession de service public pour l'exploitation du terminal multimodal multimodal qui affermit notre capacité à développer des trains et des barges pour l’avenir.
Nous sommes en capacité de maintenir nos programmes d’investissements grâce à une saine gestion des finances du port et une perspective de reprise en 2021 dans le secteur du conteneur mais aussi du pétrole brut qui devrait redémarrer.

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