Pour Jean-Louis Le Yondre, président du Syndicat des transitaires et des commissionnaires en douane du Havre (STH), seul un accord de paix sociale permettra la relance.
Au Syndicat des transitaires et des commissionnaires en douane du Havre (STH), les grèves contre la réforme des retraites, fin 2019 et début 2020 ont provoqué "de graves blessures qui sont loin d’être cicatrisées". Et "l’effet coronavirus n’a fait qu’amplifier la diminution du trafic largement engagée". Son président Jean-Louis Le Yondre évalue à 840.000 le nombre de conteneurs déroutés vers le port concurrent d’Anvers : "Le port du Havre a abondé de 7 % le trafic annuel d’Anvers".
Résultat, "au mieux, en décembre, nous atteindrons péniblement 2,2 millions de conteneurs alors que nous devrions être à 6 ou 7 millions !" Et ce, "quand Anvers atteint les 12 millions de conteneurs, Rotterdam 14 millions". Jean-Louis Le Yondre avait évalué en mars les conséquences financières des grèves, chiffrant à 180 millions d'euros le montant pour les entreprises des pertes de marge brute.
Arrêter l'hémorragie
Pour le président du STH, "cette réalité impose au monde politique, au monde étatique et au monde civil de prendre des dispositions qui s’imposent pour arrêter d’une manière drastique l’hémorragie". Et la seule solution, pour Jean-Louis Le Yondre, est de signer un "concordat étatique de deux ans, par la CGT, la Fédération nationale des ports et docks-CGT (FNPD-CGT) et le ministère des transports, garantissant qu’aucune grève ne soit déclenchée dans les ports durant cette période".
Autre sujet d’impatience pour le STH, la concrétisation de l’axe Seine et de la fusion des trois ports Le Havre-Rouen-Paris : si "la stratégie est excellente", "le délai de réalisation et de mise en application est beaucoup trop lent !", déplore Jean-Louis Le Yondre.
Activité soutenue
Quelles bonnes nouvelles, pourtant, pour le STH qui regroupe sous sa bannière 160 entreprises et 6.000 salariés, "couvre 85 % de tous les trafics du port du Havre en dehors du pétrole brut et des produits raffinés et gère plus de 2 millions de mètres carrés" : pendant les mois de grèves et de crise sanitaire, "l’activité est restée soutenue et notre profession n’a jamais dégagé de plan de licenciement". Le syndicat vient même de recruter un nouveau secrétaire général qui prend le relais de Thierry Dhal, à la retraite en décembre : Franck Soulé, 53 ans, travaille depuis trente ans dans le secteur maritime et portuaire.
"Nos entreprises et leurs salariés ont été omniprésents, en toutes circonstances", souligne le président du STH qui apprécie "l’effort colossal de l’État et du gouvernement" quant à l’aide fiscale et sociale apportée : "Nous n’avons jamais connu depuis 1945 de telles dispositions économiques, sociales et fiscales !".
