Le Royaume-Uni poursuit P&O pour le licenciement des 800 marins

Le gouvernement britannique va engager des poursuites judiciaires face au licenciement sec sans consultation préalable de près de 800 marins par P&O Ferries.
Le 17 mars 2022, P&O Ferries a créé la consternation au Royaume-Uni en annonçant la suppression du jour au lendemain de près de 800 postes de marins, faisant état de lourdes pertes qui menacent sa survie. Cette filiale de DP World, opérateur portuaire basé à Dubaï, a été touchée de plein fouet par la pandémie de Covid-19 et l'annihilation du tourisme et des voyages internationaux.

"Il me semble que la société concernée a enfreint la loi et nous allons prendre des mesures, et nous encourageons les employés" à agir en justice de leur côté, a affirmé le Premier ministre Boris Johnson devant le Parlement, le 23 mars. "Nous allons les envoyer au tribunal et défendre les droits des travailleurs britanniques", et "si la société est reconnue coupable ils [feront] face à des amendes de millions de livres", a-t-il ajouté.

L'affaire a ému notamment parce que les employés sont remplacés par de nouveaux marins fournis par une société contractuelle qui, selon les syndicats, seraient largement étrangers et sous-payés.

Un parlementaire évoquait quelque deux livres par heure pour ces employés d'une entreprise contractuelle et travaillant sur des bateaux enregistrés hors du Royaume-Uni, notamment Chypre et les Bahamas. Nombre de marins ont par ailleurs été prévenus de leur licenciement par visioconférence, sans aucune notification préalable ou consultation syndicale.

Le chef de l'opposition travailliste, Keir Starmer, a quant à lui fait valoir que l'entreprise avait reçu 38 millions de contrats gouvernementaux et que la maison mère DP World était susceptible de toucher quelque 50 millions de livres (plus de 60 millions d'euros) d'argent du contribuable dans le cadre du programme des ports francs.

36 millions de livres d’indemnités

P&O, dont le patron s'est excusé pour la "détresse" causée par ces licenciements massifs, dit s'en être tenue à la législation dans les pays d'enregistrement des navires concernés.

Elle dit proposer des indemnités de licenciement "généreuses" déjà acceptées par 575 personnes, totalisant 36 millions de livres sterling (plus de 43 millions d'euros) dont plusieurs dizaines d'employés en passe de toucher 100.000 livres (120.000 euros) au regard de leur ancienneté.

Certains marins licenciés ont d'autre part "pris des mesures pour accepter de travailler avec la nouvelle société fournissant l'équipage des navires de la compagnie", IFM. La société ajoute avoir "offert de l'aide" aux marins licenciés pour trouver un nouveau travail, notamment pour certains au sein du groupe DP World.

Dans une lettre envoyée au gouvernement le 22 mars, la société affirmait qu'elle n'aurait pas survécu en engageant des consultations qui n'auraient que retardé sa restructuration et se seraient malgré tout traduites par des licenciements.
Elle dit vouloir protéger ses quelque 2.200 emplois restants.

Dans cette missive, P&O laissait même entendre que des emplois à quai au Royaume-Uni pourraient également faire l'objet de suppressions mais que les salariés seraient dans ce cas "consultés". Le 23 mars, un porte-parole du département de l'Énergie et des entreprises (BEIS) avait indiqué travailler avec le service des faillites "pour voir si des actions en justice sont requises".

"Au regard d'informations sur des employés qui seraient payés sous le salaire minimum, le ministre des Entreprises a demandé à l'Agence d'inspection des normes du travail d'étudier les termes des contrats des employés des agences" d'intérimaires, a-t-il ajouté.
Des manifestations avaient encore lieu le 23 mars, notamment au port de Liverpool, et les liaisons de P&O, notamment vers Calais, restaient annulées depuis le 17 mars.

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