Le canal Seine-Nord redouté et critiqué en Normandie

Le projet de canal à grand gabarit Seine-Nord Europe, soutenu par le gouvernement, est présenté en Normandie comme un danger mortel pour le port du Havre où les prises de position défavorables se multiplient, avec le renfort de Jacques Attali. Cette opération majeure de travaux publics, présentée comme "le premier grand chantier d'infrastructure de transport de marchandises du siècle" dans le rapport remis au gouvernement par le député socialiste du Nord Rémi Pauvros, vise à creuser un canal long de 106 km entre l'Oise et le canal Dunkerque-Escaut, d'un coût évalué à 4,5 milliards d'euros qui permettra une liaison fluviale en continu entre le Bénélux et la région parisienne. Le projet, lancé en septembre dernier par le premier ministre, Manuel Valls, et dont la France espère un financement à 40 % de l'Union européenne, doit débuter en 2017 pour une mise en service en 2023. Il est censé apporter la "compétitivité" aux ports français, aux entreprises par une baisse du coût du transport, et contribuer "à la transition énergétique, en permettant le report modal vers un mode écologique". Mais en Normandie, responsables économiques et politiques estiment que la liaison va surtout favoriser les ports du Bénélux et notamment Anvers, au détriment du Havre, premier port français pour le transport de conteneurs. Le député-maire UMP du Havre, Édouard Philippe, a le premier tiré la sonnette d'alarme dans une tribune parue dans "Les Échos" mi-mars. "Le canal Seine-Nord, c'est conforter Anvers et Rotterdam comme les portes d'entrée de l'Europe, au détriment du Havre, de Dunkerque et de Calais", a-t-il écrit. Il a souligné la différence de coût avec le projet d'autoroute ferroviaire d'acheminement du fret entre Le Havre et l'Europe centrale par Amiens et Châlons-en-Champagne (160 millions). Depuis, des responsables des chambres de commerce normandes ont émis les mêmes craintes. L'ancienne maire PS de Rouen et ex-ministre des Sports Valérie Fourneyron a demandé la tenue d'une table ronde au secrétaire d'État chargé des Transports, Alain Vidalies. Sur son blog, l'économiste Jacques Attali, estime qu'il faut privilégier le développement du Havre "parce que l'avenir d’une nation se décide depuis des millénaires par l’avenir de ses ports, par lesquels transitent encore 80 % du commerce mondial". Or, selon lui, "on a choisi sans en débattre" le projet de canal "qui détruit Le Havre au bénéfice d’Anvers et de Rotterdam. On a choisi le Nord contre la Normandie, en prétendant qu'on peut favoriser les deux".

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