Le fret, seule lueur d'espoir pour les compagnies aériennes

Le transport de marchandises par voie aérienne a dépassé son niveau d'avant la crise sanitaire et constitue l'une des rares lueurs d'espoir pour les compagnies sinistrées même s'il ne suffira pas à relancer le secteur.
"La demande pour le fret aérien ne fait pas que se remettre de la crise pandémique, elle est en train de croître", a noté la semaine dernière le directeur général de l'Association internationale du transport aérien (Iata), Willie Walsh. En février, les niveaux de fret transportés en tonnes-kilomètres ont ainsi dépassé de 9 % ceux de 2019, selon l'organisation. Un contraste saisissant avec la situation côté passagers pour laquelle le trafic atteignait péniblement en février un quart des niveaux d'avant la pandémie. Et sur les liaisons internationales, la chute atteint 88,7 %, sans perspective de reprise.

Volumes en soute qui fondent

Accablées par le coût de leurs appareils cloués au sol, les grandes compagnies ont subi en 2020 des pertes se chiffrant en milliards de dollars. Exception, les spécialistes du fret comme FedEx, leader mondial qui exploite plus de 600 appareils et a vu ses bénéfices augmenter. Pour les compagnies transportant des passagers, le cargo a permis aux directeurs financiers d'annoncer au moins une bonne nouvelle pour 2020. Air France-KLM, qui a perdu 7,1 milliards d'euros sur l'année à l'échelle du groupe, a vu son activité fret croître de près de 22 % et sa recette unitaire par tonne transportée bondir de 75,9 %.

Chez Emirates SkyCargo, numéro 2 mondial du fret aérien, cette recette unitaire a plus que doublé selon les derniers résultats semestriels publiés en novembre. "Avant la crise, 60 % du fret était transporté par les avions passagers et 40 % par les avions cargo", témoigne Stanislas Brun, vice-président senior du logisticien français Geodis pour le fret aérien mondial. Les avions passagers étant moins nombreux, les volumes disponibles en soute ont fondu de 23 % l'année dernière, et la loi de l'offre et de la demande a fait le reste: "les taux de remplissage et les rendements ont grimpé à des records" selon l'Iata.

Des vols "ferry"

Avant la pandémie, le tarif moyen du kilo transporté était de 1,50 dollar. Il est monté jusqu'à 3,50 dollars l'an dernier avant de redescendre actuellement environ à 2,70 dollars, tandis que le taux d'utilisation des soutes est passé de 51 % à 64 %, indique Stanislas Brun. Les compagnies aériennes ont essayé de capter cette manne, certaines faisant voler des avions passagers... sans passagers mais avec des cartons sur les sièges, quand d'autres ont reconverti en urgence des appareils en démontant leurs fauteuils. 

Ces vols dits "ferry" ont vu leur nombre monter en flèche, souligne Édouard Mathieu, directeur du développement de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle au sein de son gestionnaire, le groupe ADP : de 12 en mars 2020 sur la plateforme parisienne, ils sont passés à 759 le mois dernier. "Ces vols ont permis de répondre à la demande, car il n'y a pas assez d'avions cargo dans le monde", explique ce responsable. Les vols "ferry" représentent une "offre atypique nouvelle qui répond aux demandes des compagnies aériennes de conserver des pilotes, des machines et une technicité intacte" afin de pouvoir reprendre rapidement leurs rotations de passagers quand ceux-ci reviendront, observe aussi Stanislas Mathieu. Mais au mieux, elles équilibrent leurs coûts.

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