La direction territoriale Strasbourg de Voies navigables de France (VNF) porte des projets destinés à instaurer du fret fluvial sur le petit gabarit, qui représente 280 des 490 km de son réseau réparti entre l’Alsace, la Moselle et le Nord de la Franche-Comté.
"Création d’une navette de conteneurs sur le canal de la Marne au Rhin"
Au nord-ouest de l’Alsace, le projet de création d’une navette de conteneurs sur le canal de la Marne au Rhin a déclenché une étude qui devrait être finalisée dans le courant de l’année, avec l’objectif de lancer le service à partir de fin 2017. Sa cadence visée serait d’un aller-retour quotidien de 6 conteneurs 40 pieds (soit donc 12 EVP) entre la plateforme de Dettwiller et le port de Strasbourg, ce qui suppose d’ouvrir le canal au transport de marchandises 16 heures par jour afin de franchir une trentaine d’écluses. Ceci pour un pré-acheminement alternatif à la route avant le transport sur le Rhin jusqu’à la mer du Nord. "La réussite suppose à la fois la conception d’une cale adaptée et une logistique intégrée, mutualisée entre plusieurs chargeurs", expose Guy Rouas, directeur territorial de VNF. Sur le premier point, "des armateurs nous font des propositions", poursuit le responsable. L’enjeu consiste donc plus encore à bien confirmer l’intérêt exprimé par plusieurs industriels de Saverne et environs (le machiniste agricole Kuhn, la brasserie La Licorne, les brouettes CDH-Haemmerlin et une scierie). Sur le même canal, VNF et les collectivités n’ont pas renoncé par ailleurs à l’ambition de transporter des déchets de construction ou ménagers.
Enjeu industriel à Belfort
Au Sud, c’est l’épineuse question du pré-acheminement des turbines géantes de General Electric-Alstom Belfort qui mobilise le gestionnaire de réseau. Le canal Rhin-Rhône pourrait se substituer aux convois routiers très exceptionnels et très perturbateurs jusqu’à Strasbourg, en emmenant les engins de 400 tonnes et plus au port de Mulhouse-Ottmarsheim. Un point de départ a été identifié : la plateforme portuaire de Bourogne, ce qui limiterait le convoyage routier à 15 km. "Une cale adaptée relève du faisable sur le plan technique. Ensuite, le financement relève d’une décision politique", souligne Guy Rouas. L’enjeu de l’avenir d’un site industriel historique de 4.000 salariés devrait peser aussi lourd que des turbines dans la balance.