Le marché des céréales suspendu à la crise ukrainienne

La détente observée sur le marché des céréales suit mécaniquement l'évolution de la situation dans la crise russo-ukrainienne, les prix du blé refluant avec l'espoir de pourparlers... et remontant quand Moscou bombarde Kiev.
"Il y a une détente depuis les annonces de discussions sur l'ouverture de corridors maritimes pour faire sortir des stocks de grains d'Ukraine et du coup un retour sur le marché de certains acheteurs comme l'Égypte, même si les prix restent à un très haut niveau", constate Gautier Le Molgat, analyste au cabinet Agritel.

"On a observé une baisse des cours des céréales en fin de semaine, puis une remontée le 6 juin 2022 après de nouveaux bombardements russes sur Kiev, et à nouveau un reflux le lendemain, avec l'arrivée du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, en Turquie", détaille-t-il.

À la demande des Nations unies, la Turquie a proposé son aide pour escorter les convois maritimes depuis les ports ukrainiens, malgré la présence de mines dont certaines ont été détectées à proximité des côtes turques, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.

Les marchés restent très volatils, à l'affût du moindre signe d'une accalmie qui pourrait signifier le déblocage des 20 à 25 millions de tonnes de céréales qui restent en stock en Ukraine. Des réserves qui pourraient tripler d'"ici à l'automne", selon le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avec l'arrivée de la nouvelle récolte qui s'annonce bien meilleure qu'escompté.

Toutefois, après le bombardement de Kiev ou les soupçons américains de "vol" du blé ukrainien, pour Jack Scoville de Price Futures Group, "personne ne pense qu'une solution à la crise est imminente". Il parie sur le fait que "les conditions que la Russie demandera (pour mettre en place les corridors) seront si onéreuses qu'elles seront rejetées".

Bonne année pour le blé russe

Concernant le temps nécessaire au déminage des ports ukrainiens, Kevin Stockard, de CHS, relève quant à lui des appréciations très différentes de la situation : "six mois" pour le ministère ukrainien de l'Agriculture et "cinq semaines" selon la Turquie.

Le chef de l'État sénégalais Macky Sall, président de l'Union africaine, a appelé au déminage du port ukrainien d'Odessa pour permettre les exportations de céréales et a dit avoir reçu l'assurance du président Vladimir Poutine que la Russie n'attaquerait pas.

Sans la reprise des exportations, l'Afrique, très dépendante des importations de céréales ukrainiennes et russes mais aussi de fertilisants essentiels pour son agriculture peu productive, "sera dans une situation de famine très sérieuse qui pourrait déstabiliser le continent", a-t-il dit dans une entretien avec les médias français France 24 et RFI. "Si les engrais n'arrivent pas alors que c'est l'hivernage (la saison des pluies) dans la plupart des pays africains, ça veut dire qu'il n'y aura pas de récolte", a-t-il dit.

La Russie, qui est en position de force, tant comme puissance céréalière (premier exportateur de blé) que gazière (deuxième exportateur d'engrais), s'attend à une excellente récolte de blé cette année. Elle sera l'acteur dominant sur la mer Noire en 2022, et consolidera ses positions dans le bassin méditerranéen, même s'"il ne faut pas surestimer sa capacité logistique d'export", relève Gautier Le Molgat.

Cette dernière sera de toute façon supérieure à celle de l'Ukraine, qui a un temps été au point mort, mais s'améliore désormais chaque mois – via la route et le rail – pour atteindre 1,7 million de tonnes de grains en mai, selon le cabinet Inter-Courtage.

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