Selon les dernières estimations gouvernementales américaines, plus de 730 millions de tonnes de blé ont été moissonnées à travers le globe, soit un troisième record consécutif. En France, premier producteur et exportateur européen, la récolte est également record, ainsi que dans les États baltes et en Pologne. L'Union européenne, la Russie et l'Ukraine, qui représentaient l'an dernier à eux seuls la moitié des exportations mondiales, sont donc à l'affût des acheteurs.
Problème : la récolte a été bonne même dans les pays traditionnellement importateurs de blé, notamment au Moyen-Orient. L'Iran, un acheteur important - non soumis aux sanctions occidentales pour les produits agricoles - vient même d'annoncer qu'il arrêtait ses importations pour cette année. "L'Allemagne et les pays baltes lui ont vendu quelques navires, mais c'était il y a plusieurs mois. Aucune affaire n'a été conclue depuis trois-quatre mois", confirme un trader français présent la semaine dernière au congrès Global Grains à Genève, qui réunit la crème du secteur. Et habituellement, la Russie "vend beaucoup à l'Iran. C'est notre troisième plus gros acheteur, même si c'est un client imprévisible selon les années", explique un trader russe basé à Dubaï.
Problème : la récolte a été bonne même dans les pays traditionnellement importateurs de blé, notamment au Moyen-Orient. L'Iran, un acheteur important - non soumis aux sanctions occidentales pour les produits agricoles - vient même d'annoncer qu'il arrêtait ses importations pour cette année. "L'Allemagne et les pays baltes lui ont vendu quelques navires, mais c'était il y a plusieurs mois. Aucune affaire n'a été conclue depuis trois-quatre mois", confirme un trader français présent la semaine dernière au congrès Global Grains à Genève, qui réunit la crème du secteur. Et habituellement, la Russie "vend beaucoup à l'Iran. C'est notre troisième plus gros acheteur, même si c'est un client imprévisible selon les années", explique un trader russe basé à Dubaï.
"Ce qui continue de nous desservir, c'est le prix du fret"
Face à cette demande restreinte, la compétition est d'autant plus serrée. Les États-Unis sont à la traîne, le dollar fort rendant le blé américain trop cher sur un marché mondial où les échanges se font en billets verts. Le blé français a lui souffert d'un euro haut par rapport au dollar pendant l'été, qui a freiné les ventes au démarrage. Avant de retrouver de la compétitivité ces dernières semaines grâce à la baisse de l'euro.
De fait, les exportations françaises ont rattrapé début novembre leur niveau de l'an dernier, avec 2,7 millions de tonnes vendues. La France a aussi réussi à vendre plusieurs navires à l'Égypte, premier importateur mondial de blé, extrêmement courtisé. Mais les ventes restent bien inférieures à celles de l'an dernier à la même époque. "Ce qui continue de nous desservir, c'est le prix du fret", plus élevé pour les navires venant de France que de Roumanie par exemple, souligne Olivia Le Lamer, chef de l'unité grandes cultures de l'établissement public FranceAgriMer.
Le comportement des agriculteurs ralentit aussi les ventes. Face à la récolte abondante, les Allemands "ont réagi en ne vendant pas, car les prix étaient trop bas. Ils ont assez de liquidités pour rester assis sur leur tas de grains, ils vont donc passer les prochains mois à spéculer", prévoit un analyste allemand. Leurs voisins français ne sont pas non plus "très volontaires pour vendre. Il y a peut-être des agriculteurs qui attendent un peu que les prix remontent", reconnaît Rémi Haquin, président du conseil spécialisé céréales de FranceAgriMer.
5 Mt de stocks de blé
Pendant ce temps-là, les producteurs de la mer Noire n'ont pas perdu de temps : la Russie a déjà vendu 1,7 million de tonnes de blé à l'Égypte, la Roumanie 540.000 tonnes et l'Ukraine 400.00, contre 240.000 tonnes pour la France au 6 novembre. FranceAgriMer s'attend à des exportations "record" de la Russie et de l'Ukraine sur l'ensemble de la campagne. "Le blé russe a littéralement envahi le marché, il est pratiquement impossible à battre en termes de prix", constate un meunier turc. "Nous devons être plus compétitifs et trouver de nouvelles destinations", reconnaît le trader français. Mais même chez des clients plus inhabituels, comme l'Éthiopie et l'Indonésie actuellement en quête de blé, les pays de la mer Noire raflent les appels d'offres.
La France cumule actuellement plus de 5 millions de tonnes de blé dans ses stocks, un niveau jamais vu depuis des décennies.