Le monde va-t-il vers une pénurie de vin ?

Le monde se dirige-t-il vers une pénurie de vin ? C'est ce qu'affirme Morgan Stanley, avertissant que les prix des bouteilles exportées risquent de flamber face à un déclin de la production et la soif grandissante des Chinois et Américains.
La production mondiale de vin a culminé en 2004, où le secteur affichait "un excès de 600 millions de caisses", explique Morgan Stanley dans une étude reçue mercredi 30 octobre. Depuis, l'offre mondiale n'a cessé de décliner à la faveur de baisses de capacités, tombant en 2012 à son niveau le plus bas depuis quarante ans, ajoute la banque américaine. Les capacités de production ont particulièrement diminué en Europe où elles sont aujourd'hui inférieures de 10 % à celles de 2005, notamment en France, premier producteur mondial, suivi par l'Italie et l'Espagne. À cette tendance de fond s'est ajoutée l'an dernier une mauvaise météo.
Parallèlement, la demande mondiale n'a cessé de croître, alors que la nouvelle bourgeoisie russe, chinoise ou d'autres pays émergents a pris goût au bordeaux, rioja et autres malbec. Résultat : "la demande de vin a dépassé l'offre de 300 millions de caisses l'an dernier", constate l'étude. Pis, la situation va s'aggraver, alors que "la demande à l'exportation devrait s'accélérer à moyen terme". "À court terme, les stocks vont diminuer car la consommation sera dominée par les millésimes des années passées" mais quand ce sera au tour de la production de 2012 d'être consommée, "nous nous attendons à une pénurie avec un bond de la demande et des prix à l'exportation", poursuit Morgan Stanley.

Bond des prix à l'exportation

La situation "va se tendre particulièrement en Europe", région productrice mais également fortement consommatrice, ajoute l'étude. Si les Français restent les plus gros buveurs de vin du monde, avec un rebond de leur consommation depuis 2010, après plusieurs décennies de déclin comme partout ailleurs en Europe, les États-Unis leur emboîtent désormais immédiatement le pas. Le pays du Coca-Cola est désormais aussi le deuxième principal pays amateur de vin au monde et tire aujourd'hui, avec la Chine, la croissance de la consommation mondiale, note Morgan Stanley.
Le commerce mondial de vin n'a cessé de croître ces trente dernières années et pèse maintenant 30 milliards de dollars par an, dont un tiers pour les vins français, principalement en raison des prix élevés des millésimes les plus fins. Les exportations mondiales de vin représentent à présent 1 milliard de caisses de vin par an. Hors échanges intra-européens, 600 millions de caisses sont encore exportées chaque année, dont 60 % prennent la direction du Royaume-Uni, des États-Unis, et de la Chine. Les producteurs du "Nouveau Monde", à savoir l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Chili, ou l'Argentine, pèsent désormais à hauteur de 30 % dans les exportations mondiales, contre moins de 3 % au début des années 80. Ce sont les mieux placés, prédit Morgan Stanley, pour bénéficier des tensions entre la demande et l'offre, qui vont s'accroître dans les prochaines années. Ils seront notamment en mesure d'augmenter nettement les prix à l'exportation. L'étude fait aussi valoir que les États-Unis et la Chine augmentent parallèlement leur propre production, et se placent désormais au 4e et 5e rang mondial respectivement. En Chine, la production a même quadruplé ces dix dernières années mais ce n'est pas encore assez pour rattraper l'envolée de la consommation. Cela devrait atténuer la pénurie prévue par Morgan Stanley pour les années à venir, mais faire reculer la part de marché du Vieux Continent.

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