À la fin du mois d’août, la liaison Dieppe-Newhaven connaît des progressions enviables : + 47,7 % avec 305.000 passagers embarqués et + 43,2 % pour le nombre de camions transportés. En termes de tonnages, après huit mois, le transmanche (1,121 million de tonnes) pèse pour près de 77 % dans le trafic global du port de Dieppe (1,462 million de tonnes). Plusieurs raisons président à ces performances. D’abord, la ligne a sans doute bénéficié des turbulences diverses qui ont affecté la route Caen-Portsmouth, et surtout le Détroit, ainsi que de l’absence de rotations des ferries de Brittany Ferries au départ du Havre jusqu’en mars. Ensuite, sous la pression de certains élus dont le maire de Dieppe, Sébastien Jumel (PCF), l’exploitation de la ligne à dater du mois de mai a été assurée par deux ferries au lieu d’un, avec trois aller-retours quotidiens au lieu de deux. L’ancienne configuration avait été adoptée par LD Lines, attributaire de la délégation de service public (DSP) de 2007 à 2012, et reprise par DFDS Seaways, repreneur du service. Pour les élus de tous bords qui fourbissent leurs armes en vue des élections régionales de décembre, ces bons résultats démontrent la pertinence économique de la ligne. Certes. Mais le problème se situe ailleurs. Le principe même de la DSP, de tous temps contesté par la concurrence, a fait long feu aux yeux de beaucoup, à commencer par le conseil départemental de Seine-Maritime, aux finances exsangues, à qui elle coûte en moyenne une vingtaine de millions par an.
"Le transmanche pèse 77 % du trafic du port de Dieppe"
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«Dans ce dossier, il n’y a que des coups à prendre», admettait récemment en petit comité, Pascal Martin, nouveau patron (UDI) de la collectivité propriétaire des deux ferries et de 80 % du port de Newhaven. Pour alléger le fardeau financier de la ligne, il mise sur d’hypothétiques nouveaux concours. Et surtout sur une exploitation de la ligne sous forme d’une régie personnalisée, montage juridique préconisé par le cabinet d’audit Ernst & Young et adopté en août par le syndicat mixte pour la promotion de l’activité transmanche (SMPAT), entité pilotée très majoritairement par le conseil départemental. Cette solution, jugée plus économique (?) et plus transparente, implique le lancement d’appels d’offres séparés pour les différentes prestations afférentes à la ligne, au plan opérationnel notamment. Quels résultats donneront ces consultations sachant que le temps presse ? Déjà prolongée d’un an à la demande de la précédente majorité socialiste du Département, la DSP prend fin le 31 décembre prochain. «Je n’exclus pas de demander au préfet une prolongation de la DSP de six mois», laisse entendre Pascal Martin.