Le pont Kinshasa-Brazzaville fait des vagues sur les deux rives du fleuve Congo

L'annonce officielle du lancement des travaux du pont Kinshasa-Brazzaville, sur le fleuve Congo, pour août 2020, suscite des débats dans les capitales de la République démocratique du Congo et de la République du Congo, séparées par 4 km.
On parlait déjà du pont Kinshasa-Brazzaville au temps du vieux dictateur zaïrois Mobutu, renversé à Kinshasa il y a 22 ans. Les travaux doivent commencer dans quinze mois pour un montant de 550 millions de dollars, a annoncé dimanche 12 mai le président de la Banque africaine de développement (BAD). "Ce projet est comme celui du pont entre le Sénégal et la Gambie, inauguré en janvier dernier. Nous allons le réaliser", a insisté Akinwumi Adesina.
Les travaux seront cofinancés par la BAD à hauteur de 210 millions de dollars et par Africa50, une plateforme regroupant des États africains pour financer les infrastructures de développement, a-t-il précisé. La passerelle devrait mesurer 1.575 mètres, avec un péage, une voie ferrée, une route et un trottoir, pour relier Kinshasa (au moins 10 millions d'habitants) et Brazzaville (moins de 2 millions). "Nous allons droit vers la réalisation de ce projet pont route-rail. Il n’y a plus d’obstacles. La volonté politique est clairement affichée", glisse une source au ministère des Travaux publics à Brazzaville.
La possible échéance d'août 2020 réveille l'ambiguïté des liens entre les deux pays homonymes qui parlent les mêmes langues (français, lingala) mais se regardent avec méfiance. Avec 80 millions d'habitants, un revenu moyen annuel par habitant de 450 dollars, trois à quatre fois inférieur à celui du Congo-Brazzaville, et un manque criant d'infrastructures, la RDC redoute la concurrence avec son voisin, qui compte 5 millions d'habitants à peine.
Un responsable de la province du Kongo-central, à l'ouest de Kinshasa, Venant Wabelo, a déclaré qu'il refusait le pont car l'ouvrage menace, selon lui, le rôle stratégique de sa province en tant qu'unique débouché de la RDC vers l'océan Atlantique. La construction du pont mettrait en effet en concurrence l'axe Kinshasa-Matadi avec l'axe Brazzaville-Pointe-Noire pour l'acheminement des importations et des exportations. Les ports de Boma et de Matadi en RDC se retrouveraient en concurrence avec le port en eaux profondes de Pointe-Noire au Congo-Brazzaville, géré par le Français Bolloré depuis 2008.
"La construction d’un pont reliant Brazzaville à Kinshasa aiderait à accroître le trafic passant par Pointe-Noire et à améliorer la viabilité globale de cette voie", relevait dès 2010 un rapport de la Banque mondiale. "Il n’y a pas urgence à construire le pont Kinshasa-Brazzaville. Notre priorité doit être de construire des routes, autoroutes, chemins de fer, aéroports et ponts pour relier les 26 provinces de la RDC afin de favoriser l’intégration nationale et créer un marché intérieur", affirme Noel Tshiani, économiste congolais (Kinshasa) travaillant à la Banque mondiale.

"Le pont route-rail, un projet vraiment rentable"

De l'autre côté du fleuve, un autre économiste, Léon Mayeko, enseignant-chercheur à l’Université publique de Brazzaville, se montre plus optimiste : "Le pont route-rail est un projet vraiment rentable. Si on peut y ériger un péage, le revenu serait très important pour les deux villes. Le projet va faciliter la libre circulation des personnes et des biens".
En attendant le pont, des canots à l'aspect souvent vétustes restent la seule voie de passage entre les deux capitales sur le fleuve. La traversée ne prend que 15 minutes. Mais il faut compter deux à trois heures d'attente et de tracasseries administratives au départ et à l'arrivée, dans un désordre chaque jour renouvelé.

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