Le report vers les modes massifiés, une urgence pour la manutention havraise

Tandis que le port bénéficie d’énormes investissements publics et privés, le Groupement des employeurs de main d’œuvre du Havre (Gemo) s’inquiète d'un report modal insuffisant et réclame notamment, en urgence, la chatière qui permettra le développement du trafic fluvial.
Ces dernières années, le discours n’a pas varié chez les manutentionnaires du Havre, réunis sous la bannière du Gemo, le groupement des employeurs de main d’œuvre. François Guérin, qui en a pris les rênes à la suite de Christian de Tinguy, le répète : "L'un des éléments clés du développement du port est la réalisation de la chatière !".

L'accès fluvial direct à Port 2000 doit permettre le report modal sur l’axe Seine, de jouer davantage de la complémentarité entre les ports du Havre, de Rouen et de Paris pour "toucher notre premier marché, l'Île-de-France, et au-delà", et récupérer des parts de marché. Réclamée depuis longtemps par la place portuaire, budgétée à hauteur de 124 millions d’euros, la chatière devrait faire l’objet d’une enquête publique, toujours reportée. Elle avait été annoncée fin 2021, est attendue d’ici fin 2022.

La situation pas encore idéale

Certes, les trafics "ont retrouvé de la stabilité après des années perturbées, parvenant au premier semestre 2022 au même niveau qu’en 2021, note François Guérin. Mais les conditions d’exploitation ne sont toujours pas idéales". Les manutentionnaires restent "confrontés à la désorganisation massive des lignes maritimes, à la saturation des ports du range Nord, à la congestion dans les ports aux États-Unis, avec d’importantes perturbations liées en particulier à la reprise du Covid en Chine. Tout cela crée des ruptures dans les flux et sur toute la chaîne logistique".

Résultat, des taux d’occupation des terminaux élevés, des pointes d’activité fortes, l’augmentation de la durée de séjour des conteneurs et la difficulté à les évacuer. Et ce, dans le contexte national voire international du manque de chauffeurs routiers.

Le Havre a pourtant "assuré des services aux navires satisfaisants, étant resté un port ouvert, souligne François Guérin. Il n’y a pas eu les phénomènes d’attente des navires connus dans les autres ports". Mais ce sont les terminaux qui ont souffert de dérèglement généralisé des rotations de navires. En septembre, des transitaires se sont plaints.

QualityAir&Sea a déploré les dysfonctionnements et la congestion sur le port, avec "l’allongement des temps de traitement pour l’entrée ou la sortie des conteneurs". Des mesures ont été prises par les manutentionnaires : le resserrement des tolérances autour des plages de rendez-vous, un filtrage des camions à l’entrée, des moyens supplémentaires en hommes et en matériel, une extension des plages de travail en cas de besoin et l’ouverture à la route certains samedis matin.

TIL prévoit un bond en avant

Balguerie a aussi relevé le taux d’occupation élevé et la saturation des terminaux, les délais de prise de rendez-vous des transporteurs pour charger ou décharger un conteneur, comme le temps de passage des camions. "Face à cette situation complexe, les transporteurs sont contraints d’appliquer une surcharge exceptionnelle pour congestion", annonçait le groupe à ses clients, mi-septembre.

"Les modes massifiés sont une réponse au problème d’évacuation des conteneurs et une alternative à la route qui ne pourra supporter seule les développements que nous visons", ne cesse de rappeler le Gemo. Car "nous avons la capacité de traiter beaucoup plus de flux, souligne François Guérin.

Tous les opérateurs de la place havraise ont engagé des programmes significatifs, tant en termes d’investissements dans les équipements que dans les programmes de formation des personnels".  Le recrutement de 200 dockers supplémentaires est en cours, pour atteindre un effectif de 2.600 d'ici fin 2022.

TIL, la filiale portuaire de l’armement MSC a annoncé début juillet un programme d'investissement de 700 millions d'euros sur Port 2000 et vouloir passer de 1,5 million d'EVP traités chaque année à 4,5 millions. Une fois le réajustement des implantations des manutentionnaires réalisé, sur les futurs postes à quai, TIL prévoit l'installation de vingt nouveaux portiques de quai de grande dimension et le changement de mode d’exploitation du terre-plein en l’équipant de portiques sur rail.

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