Le stockage des conteneurs pleins, une nouvelle vocation pour les hubs mondiaux ?

Alors que le shipping mondial commence à ressentir les effets de la pandémie sur la ligne régulière, CMA CGM et MSC proposent des solutions de stockage de conteneurs pleins sur les grands hubs de la planète.
Tandis que la crise sanitaire affecte tous les secteurs de l’économie mondiale, le groupe CMA CGM a annoncé en début de mois vouloir lancer son "Business continuity pack", un attirail de solutions permettant de stocker, pendant la période de pandémie de Covid-19, des conteneurs dans des hubs dédiés. Avec son service "delay in transit", l'armateur français propose d'en assurer le stockage "jusqu’à ce que le réceptionnaire soit prêt à les recevoir à la destination finale prévue au connaissement".
Le groupe estime ainsi que cette nouvelle solution permettra aux clients de "maîtriser et réduire les coûts liés à l’entreposage, au stockage et autres frais qui pourraient s’ajouter lors de l’acheminement de leurs marchandises".

Le découpage géographique planétaire de CMA CGM


CMA CGM a d'ores et déjà découpé la planète en régions, attribuant à chaque hub une zone géographique. Il affirme ainsi que la plateforme de Kingston (Jamaïque) sera dédiée à la région Amériques. En Espagne et en Grèce, Algésiras et Le Pirée ont pour vocation d'assurer le stockage vers l'Europe du Nord. Le hub espagnol ainsi que celui de Marsaxlook, à Malte, doivent servir de relais pour l'Ouest de la Méditerranée et l'Adriatique. Quant à Tripoli, au Liban, ainsi que le hub maltais seront tournés vers l'est de la Méditerranée et la mer Noire alors que Tanger Med, au Maroc, se voit confier l'Afrique de l'Ouest. Enfin, les hubs de Singapour et celui de Busan (Corée) auront pour vocation de couvrir l'Asie et le Pacifique.  

"Des économies substantielles" à la clé, selon MSC

L'armateur italo-suisse MSC propose également à ses clients d'arrêter de manière transitoire l'acheminement du fret de sa clientèle sur des hubs de transbordement spécialement dédiés. Le nouveau programme imaginé par le numéro 2 mondial, baptisé SOT, c'est-à-dire "suspension of transit", a pour ambition de permettre aux chargeurs d'adapter leur livraison aux besoins de leurs réceptionnaires. "Notre programme permet de réaliser des coûts substantiels", indique la compagnie. Le projet  a l'ambition de contrôler les coûts d'entreposage de la marchandise dès la phase du booking plutôt que devoir faire face à des frais d'entreposage et de stockage incontrôlés, à des surestaries, et à d'autres frais imprévus à destination.
En d'autres termes, MSC ou CMA CGM ne proposent pas de confiner la marchandise sur les hubs mondiaux qu'ils utilisent habituellement pour la faire transiter du port d'origine au port de destination finale mais de la stocker sur ces plateformes en attendant que la reprise soit au rendez-vous.
Pour les deux armateurs, ce nouveau défi reste majeur. Car les volumes ayant baissé, les taux de fret ne s’inscrivent pas à la hausse et les hubs mondiaux se désertifient.
Conserver des volumes en attendant le déblocage mondial de la situation économique permet de conserver des liens étroits avec les clients. Les projets, s'ils remportent un certain succès auprès des chargeurs, devraient permettre l'application de GRI lorsque la crise sanitaire sera passée.
Pour les opérateurs mondiaux, cette stratégie devrait assurer une activité transitoire aux méga-porte-conteneurs en attendant des jours meilleurs. Car, une fois la crise sanitaire passée, le monde économique reparti, ces deux premiers acteurs n'auront plus qu'à remettre en opération des porte-conteneurs de plus faible tonnage afin d'assurer la livraison des marchandises jusqu’à leur destination finale. Reste aujourd'hui à savoir quel succès ces deux premiers opérateurs vont remporter auprès de leurs clients et quel autre acteur majeur va se lancer à son tour dans la stratégie…
En se lançant dans cette stratégie annoncée comme temporaire, les armateurs seraient-ils sur le point de trouver une nouvelle vocation aux terminaux de transbordement qu’ils exploitent à travers le monde ? S’ils ne l’affirment pas clairement, on peut imaginer que, pendant les quelques semaines de crise sanitaire que va traverser la planète, cette politique puisse donner une nouvelle vie aux hubs qui commencent à tourner au ralenti.

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