Les armateurs payent la montée des risques dans le Golfe

Attaques à l'explosif, sabotages, intimidations : la multiplication d'actes hostiles contre des navires marchands dans la région du Golfe a des conséquences directes sur les armateurs qui subissent des sinistres mais aussi des surcoûts d'assurance pour naviguer dans une zone maritime hautement stratégique.
"Les deux dernières attaques contre des pétroliers (le 'Front Altair' et le 'Kokuka Courageous' en mer d'Oman, le 13 juin, NDLR) ont généré des millions de dollars de pertes", affirme Frédéric Denèfle, directeur général du groupement Garex, spécialiste de l'assurance des risques de guerre maritimes. "Qui dit risques plus importants dit prime d'assurance plus importante", ajoute-t-il, expliquant que les armateurs sont désormais soumis à une déclaration préalable de navigation dans le Golfe et à une surprime.
La tension autour du détroit d'Ormuz, par lequel transite près d'un tiers du pétrole brut mondial acheminé par voie maritime, s'est renforcée avec des attaques contre plusieurs pétroliers depuis mai et un appel des États-Unis la semaine dernière à la formation d'une coalition internationale pour escorter les navires de commerce. Téhéran, accusé par Washington d'être à l'origine des sabotages de pétroliers, a démenti toute responsabilité.
L'assurance d'un navire représente, en taux annuel, quelque 0,01 % de sa valeur d'après Christian Zaninetti, spécialiste de la couverture des navires de commerce chez le courtier en assurances Marsh France. Sans dévoiler de montant précis, il évoque un taux désormais multiplié environ par 30 pour un aller-retour de sept jours, avec chargement, dans les pays du Golfe, depuis mi-mai. "C'est assez violent, ça donne un taux plus cher qu'une prime annuelle en dommages", compare-t-il.
Assistance remorquage, réparations, paiement des cargaisons perdues... "Les assureurs doivent faire face à une augmentation de la sinistralité et de la menace potentielle", précise Frédéric Denèfle. Mécaniquement, certains armateurs répercutent cette hausse tarifaire sur leurs clients. CMA CGM a mis en place, depuis le 5 juillet, une surcharge "risques supplémentaires au Moyen-Orient". Elle s'élève à 36 dollars par EVP et doit être réglée pour toutes les marchandises expédiées depuis ou vers Oman, les Émirats arabes unis, l'Arabie saoudite, le Koweït, l'Irak, le Qatar et Bahreïn.

"On ne peut pas escorter tous les navires"

L'augmentation des menaces pourrait aussi entraîner une augmentation des "salaires des marins qui sont appelés à affronter des risques plus importants", selon Nelly Grassin, responsable sécurité et environnement chez Armateurs de France. "Il y a une assez forte vulnérabilité des navires de commerce", appuie Hervé Thomas, délégué général de l'organisation professionnelle, rappelant que ceux-ci n'ont pas de gardes armés à leur bord ou d'armements lourds comme ceux utilisés par les marines de guerre.
Pour protéger la marine marchande, Washington veut former une coalition internationale qui escorterait les navires dans le Golfe. Mais cette mesure ne diminuera pas forcément les risques pour les assureurs qui craignent une "escalade" des tensions. "Contre la piraterie, dans l'océan Indien, ça a ramené de l'ordre mais là on est face à des événements assimilés risques de guerre", souligne Christian Zaninetti. "On ne peut pas escorter tous les navires et organiser une surveillance parfaite sur tout le transport maritime dans cette zone", ajoute Frédéric Denèfle, évoquant des coûts très importants pour les marines.
Le Royaume-Uni a annoncé vendredi le déploiement d'un second navire de guerre dans le Golfe, deux jours après un incident avec la marine iranienne qui avait tenté, selon Londres, d'empêcher le passage d'un pétrolier britannique dans le détroit d'Ormuz. L'exécutif britannique a également relevé à son échelon maximal le niveau d'alerte dans les eaux territoriales iraniennes, et adressé des recommandations de sécurité aux compagnies.
"Notre posture dans la zone est inchangée", a indiqué de son côté l'État-major de la marine française, rappelant la présence d'une frégate avec son hélicoptère et la "permanence des mécanismes d'information avec la marine marchande pour s'informer de toute évolution de la situation". Le niveau de sécurité a été naturellement augmenté à bord des navires, rapporte Nelly Grassin qui rappelle les mesures élémentaires : "Privilégier la navigation de jour, ne pas réduire la vitesse du navire et augmenter la surveillance à la passerelle".

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