
© RFF/Capa/Laurent Rothan (Toma)
La SNCF a dévoilé un bénéfice net 2011 en chute libre (- 82 %), en raison de 840 millions d'euros de dépréciations d'actifs. L'écrasante majorité de cette somme (700 millions) porte sur les TGV, "pour tenir compte du surdimensionnement" de la flotte, selon le président de l'entreprise, Guillaume Pepy. Avec près de 500 rames, les TGV pèsent lourdement sur le montant des péages de circulation réglés à RFF, a-t-il expliqué. Conséquence : le résultat net a plongé à 125 millions d'euros, contre 697 millions en 2010, année du retour au vert.
«Trop de liquidités pour le transport de marchandises»
En outre, la SNCF a procédé l'an dernier à des cessions à hauteur de 478 millions d'euros, dont 214 millions d'actifs immobiliers destinés à boucler ses investissements.
Par ailleurs, Guillaume Pepy a pointé du doigt la gourmandise, jugée excessive en liquidités, du transport de marchandises en France et "les actifs TGV" qui "ont dû être dépréciés pour tenir compte du surdimensionnement" de la flotte.
La SNCF a en revanche réussi à ramener dans le vert l'an dernier son flux de trésorerie, qui s'établit à 261 millions d'euros, contre un trou de 162 millions en 2010. Autre satisfaction : l'endettement du groupe a été réduit de 170 millions à 8,32 milliards d'euros, une baisse de 2 % qui est la première depuis 2007. "La stabilisation de notre dette était prévue à l'horizon 2012-2013, nous sommes donc avance sur la trajectoire fixée", s'est réjoui David Azéma, directeur de la stratégie du groupe SNCF.
+ 68 % pour SNCF Infra
La branche Voyages (TGV français et international), malgré "l'impact des travaux sur le réseau et une conjoncture peu porteuse", a enregistré l'an dernier une hausse de 5,4 % de son chiffre d'affaires à 7,2 milliards d'euros, tiré notamment par une croissance de 3,6 % du nombre de voyageurs. La branche Proximités (TER, Transilien, Intercités) enregistre la plus forte hausse d'activité à 12,3 milliards d'euros (+ 10,1 %). Les "trains d'équilibre du territoires" (grandes lignes hors TGV) "représentent près d'un quart de la croissance" de la branche, tirant profit de la convention signée en 2010 qui prévoit une contribution de l’État à hauteur de 210 millions d'euros pour soutenir 40 lignes déficitaires. La branche infrastructures (SNCF Infra) voit sa marge opérationnelle bondir de 68 %, bénéficiant de la nouvelle convention en vertu de laquelle RFF lui a versé 2,1 milliards d'euros en 2011 pour couvrir ses charges d'entretien du réseau.
Les syndicats dénoncent les mesures salariales
Les syndicats CGT et SUD-Rail de la SNCF ont estimé que les résultats positifs du groupe ont été permis par des mesures salariales limitées, des baisses d'effectifs, une hausse des tarifs et une moindre qualité de service. "Les administrateurs de la CGT ont dénoncé cette politique qui tourne le dos aux valeurs du service public, dégrade les conditions de vie et de travail des cheminots pour s'inscrire dans la trajectoire ultra libérale de casse de l'entreprise publique".