
Au départ de cette accélération, il y a une norme approuvée l'été dernier par l'ASTM (American Society for Testing and Materials), qui permet qu'un carburant utilisé par un avion de ligne soit composé à parts égales de kérosène et de carburant alternatif, d'origine synthétique ou biologique, a indiqué Jane Hupe, chef de la branche Environnement de l'OACI. Les premiers sont obtenus par la gazéification du charbon et les seconds à partir de matières végétales et animales. Ils ne nécessitent aucune modification technique des avions.
Premier vol transatlantique
La scène du film "Retour vers le futur", montrant un savant mettre une peau de banane dans le réservoir de son véhicule volant, n'est pas loin de devenir réalité. Depuis juillet dernier, Lufthansa assure un vol quotidien entre Hambourg et Francfort avec un avion dont un moteur consomme un tel mélange, produit par le finlandais Neste à partir des plantes jatropha et camelina et de graisses animales. La compagnie britannique Thomson Airways a suivi début octobre avec un premier vol entre Birmingham et les Canaries. Certains vols de Finnair, de KLM et d'Iberia utilisent également de tels carburants. Aeromexico a été la première compagnie à effectuer un vol transatlantique avec du biocarburant tiré de la plante jatropha.
«Trois impératifs : Économie, environnement et impact social»
D'autres sont prêts à suivre, en cherchant leur chemin particulier adapté aux conditions locales. Telle Etihad. "Les efforts se concentrent notamment sur la viabilité de biocarburants durables dans un environnement désertique sec", a indiqué Linden Coppell, la patronne du service environnement d'Etihad. Virgin Australia, pour sa part, compte utiliser des déchets de l'industrie forestière et céréalière. Mais il tente aussi, a indiqué le chef de sa division du développement durable, David White, de fabriquer "un carburant durable via la pyrolyse de l'eucalyptus mallee qui pousse dans les régions céréalières dans l'Ouest australien".
"Le prochain défi est la commercialisation des carburants alternatifs", autrement dit leur production de masse à un coût acceptable pour le marché, indique Jane Hupe. Pour l'heure, les biocarburants sont beaucoup plus chers que le kérosène. Mais, si leur utilisation se généralise, des économies d'échelle feront chuter leur coût. Plusieurs consortiums y travaillent, associant producteurs, constructeurs aéronautiques, chercheurs et autorités d'aviation civile : CAAFI aux États-Unis, SWAFEA et Alfa-Bird en Europe, Abraba au Brésil, et Aireg en Allemagne. Ceux-ci cherchent à concilier trois impératifs : économie, environnement et impact social.