Les chargeurs français attirés par le nouveau visage de Marseille-Fos

L'organisation d'une commission maritime de l'AUTF jeudi 24 juin, à l'initiative de Via Marseille Fos, a permis à une quarantaine de chargeurs français de se rendre à Marseille pour faire le point sur l'offre de transport maritime, les performances du passage portuaire et la productivité des terminaux. Les portuaires marseillais ont pris bonne note de leurs attentes.
Lointaine est l'époque où le port de Marseille-Fos se trouvait dans le collimateur des chargeurs français pour des questions de fiabilité. Philippe Bonnevie, le délégué général de l'AUTF, estime que trois ans après la mise en place de la réforme portuaire, entre l'instauration de l'unicité du commandement et celle de la nouvelle gouvernance, "les résultats sont tangibles". Et de rappeler un adage rassurant : "Le fret appelle appelle le fret". Chez celui qui a eu souvent la dent dure avec avec les ports français, le ton a changé. À la tête d'une forte délégation de chargeurs en provenance de plusieurs régions françaises venus participer à cette première commission maritime, il indique se trouver en présence "d'une communauté portuaire réactive et efficace"
Pour sa part, Hervé Balladur, le président de Via Marseille Fos (VMF), souligne : "Après la phase de reconquête des trafics, nous sommes entrés dans une phase de conquête".
Rappelant la croissance de 9 % du trafic conteneurisé à fin mai, toujours portée par Fos, Christine Cabau-Woehrel, la présidente du directoire du GPMM, a indiqué que l'établissement a "les moyens d'élargir son hinterland". Elle attend des chargeurs qu'ils s'engagent sur une volumétrie pour répondre à leurs exigences". La directrice générale du Grand Port maritime reste convaincue que l'autorité portuaire "doit jouer son rôle de coordinateur logistique".

Davantage de lignes directes sur les États-Unis réclamées

Du côté des chargeurs français, Philippe Bonnevie estime que des améliorations sont à apporter au GPMM en matière de services directs sur les États-Unis. Ses critiques trouvent écho auprès par Pascale Vincent, directrice logistique chez Nestlé Waters, qui rappelle, à propos du trafic d'eaux minérales des sources Perrier (Vergèze-Gard) que la majorité du trafic part pour l'Amérique du Nord (États-Unis et Canada). À ses yeux, l'offre de transport maritime sur la côte ouest américaine reste perfectible. Elle reproche en outre à Marseille-Fos un phénomène de congestion sur certains terminaux. Quant à Silvio Bocci, directeur import de Castorama (groupe Kingfisher), qui fait transiter 35 % de ses flux via le port phocéen, il réclame "plus de souplesse" et "davantage de services". Le distributeur est implanté sur la zone logistique de Saint-Martin-de-Crau (13).
Pour Nicolas Gauthier, directeur général de Portsynergy, "l'objectif des manutentionnaires est que les conteneurs restent le moins longtemps possible à quai". En revanche, le président du Semfos se félicite de rappeler que la productivité s'est améliorée au point d'atteindre 29 mouvements par heure et par portique. Il se souligne d'autre part un autre atout dont peut s'enorgueillir le port phocéen : le temps de passage complet pour un camion à Fos s'élève à 22 minutes.
Le gigantisme et la mort du projet du P3 sont des thèmes qui ne pouvaient pas être ignorés lors de cette commission maritime se déroulant à Marseille en présence de chargeurs. Silvio Bocci indique clairement que la consigne du groupe Kingfisher est de "ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier" en termes d'achat transport. De même, la directrice logistique de Nestlé Waters, reste persuadée qu'on ne peut pas confier l'intégralité de ses volumes à un seul armateur.

Pour Jacques Barra, directeur de MSC Marseille, "Il y a eu un gros travail effectué de part et d'autre (chez les trois partenaires du projet, NDLR), j'ai du mal à croire qu'on en restera là". Christine Cabau-Woehrel lance à cet égard: "P3 ou pas ne change rien à l'affaire. Ce qui importe c'est la fréquence des départs". De son côté, Hervé Balladur reste persuadé que "la course au gigantisme ne va pas dans l'intérêt des chargeurs".
Le délégué général de l'AUTF, pour sa part, reste sur ses convictions : "Le feedering ne nous convient pas. Pour nous, ce n'est pas une solution". Il est plus mesuré concernant le dossier du P3. Il attend de voir l'évolution des alliances en place.
Quant au développement du report modal à Marseille-Fos en faveur du ferroviaire, si l'argument avancé par les portuaires est que 100 % des trains accèdent sans attente aux terminaux, le président de Via Marseille Fos souligne que "les modes alternatifs dans les ports sont toujours liés à l'approvisionnement des parcs intérieurs". Une nouvelle balle placée dans le camp des armateurs.

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