Les compagnies aériennes sabrent des dizaines de milliers d'emplois

Les compagnies aériennes assommées par la crise du coronavirus et sans perspectives de rebond avant de longs mois, voire des années, suppriment des emplois par milliers, entraînant dans leur chute toute la filière aéronautique.
Face à un trou d'air qui pourrait durer – jusqu'à deux ou trois ans disent les experts, et certains grands patrons du secteur – les plans sociaux se succèdent dans le transport aérien. British Airways a annoncé le 28 mars la suppression de 12.000 emplois, sur un total de 42.000. Le même jour, la scandinave SAS et l'islandaise Icelandair ont annoncé le départ de 5.000 employés pour la première et 2.000 pour la seconde, sur 4.600.
Les professionnels du secteur, habitués à encaisser les chocs et à rebondir rapidement – comme après le 11 septembre 2001 ou la crise financière de 2008 – redoutent cette fois le double effet d'une récession mondiale et de la prudence de voyageurs tétanisés par la propagation rapide et mondiale du coronavirus.
"De nombreuses compagnies se sont retrouvées en défaut de paiement (...) les gouvernements apportent un soutien substantiel mais la situation reste extrêmement fragile", commente Brian Pearce, le responsable financier de l'Association internationale du transport aérien (Iata). "La situation n'est pas réglée du tout. En début d'année les compagnies disposaient en moyenne de deux mois de réserves de trésorerie qu'elles ont déjà épuisées", a-t-il ajouté.

Perfusions étatiques

En mars, le trafic aérien mondial a enregistré la plus forte baisse de son histoire récente avec une chute de 52,9 % par rapport à la même période de l'an dernier, retombant au niveau de 2006, selon l'Iata, qui estime que 25 millions d'emplois dans le secteur de l'aviation et les activités associées sont menacés dans le monde.
Il y a quelques jours, le géant australien Virgin Australia (10.000 emplois) s'est volontairement mis en cessation de paiements, devenant la première grande compagnie aérienne à s'écrouler. En Norvège, la compagnie à bas coûts Norwegian Air Shuttle a annoncé le 20 avril la mise en faillite de quatre filiales, menaçant 4.700 emplois.
Étranglées par d'importants coûts fixes, les compagnies ont appelé au secours les États. Les gouvernements français et néerlandais ont annoncé le 24 avril des aides pour les deux branches du groupe Air France-KLM sous formes de prêts directs ou garantis, pour un montant total de 9 à 11 milliards d'euros.
Pour "assurer sa solvabilité", le groupe Lufthansa est en discussion avec les pouvoirs publics des quatre pays où il est implanté, l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, et la Suisse. En Allemagne, où les discussions se prolongent, Lufthansa pourrait recevoir des aides de l'État à hauteur de 9 à 10 milliards d'euros, selon différents médias. L'État suisse a annoncé le 29 avril qu'il allait garantir 1,2 milliard d'euros de prêts aux filiales suisses de Lufthansa, Swiss et Edelweiss. Condor, filiale du voyagiste en faillite Thomas Cook, va pour sa part recevoir 550 millions d'euros de prêts garantis par les pouvoirs publics allemands.
Mercredi, douze pays européens, dont la France et la Pologne, ont demandé à la Commission européenne de suspendre l'obligation faite aux compagnies aériennes de rembourser les passagers dont les voyages ont été annulés à cause du coronavirus. Ils demandent à ce que ces compagnies puissent imposer des avoirs à la place, pour éviter de "graves problèmes de trésorerie".

Effet de cascade

Derrière les compagnies, tout un secteur souffre. Le secteur aéroportuaire mondial devrait perdre 76 milliards de chiffre d'affaire en 2020, selon sa fédération, l'ACI.
Le constructeur Airbus voit arriver des demandes de report de commandes d'avions. L'avionneur européen, qui a publié le 29 avril une perte nette de 481 millions d'euros pour les trois premiers mois de l'année, a déjà ralenti sa production et a pris des mesures de chômage partiel.
Son concurrent américain Boeing a demandé une aide gouvernementale d'au moins 60 milliards de dollars pour lui et ses 17.000 sous-traitants, mais refuse toute entrée de l'État fédéral à son capital. Il a confirmé mercredi une réduction de ses effectifs mondiaux d'environ 10 %, soit 16.000 emplois à l'occasion de l'annonce d'une perte nette au premier trimestre de 641 millions de dollars.

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