
À la fin du premier semestre, au vu des pertes globales de 3,77 milliards de dollars enregistrées par rapport aux six premiers de 2010, les seize armateurs ayant rendu publics leurs résultats (étant donné que quatre d’entre eux ont connu à fin juin des résultats positifs et que quatre autres ont tenu leurs chiffres secrets) ont déjà fait savoir à leurs partenaires financiers et investisseurs qu’ils s’attendent à une année déficitaire.
Selon Alphaliner, si les résultats semestriels de ces mêmes transporteurs ne sont pas aussi négatifs que les 6,25 milliards de dollars de pertes enregistrées par en 2009, c’est parce que cette période a été marquée par quelques éléments exceptionnels qui ont aidé quelques groupes armatoriaux à voir leurs résultats positifs. Ainsi, Maersk aurait-il profité, au cours de cette période, d’une cession d’actifs pour compenser ses pertes. CMA CGM aurait fait de même, tout comme Hapag-Lloyd qui aurait seulement perdu 1 % de ses marges opérationnelles au lieu de 1,7 % grâce à des opérations de couverture permettant d’anticiper la situation.
Vers un exercice déficitaire
Le document du cabinet de consultants rappelle que le marché se situe sur la phase descendante depuis le niveau atteint au cours du troisième trimestre 2010. Chez cinq grands opérateurs de ligne régulière, les marges opérationnelles moyennes n’ont cessé de baisser au cours du deuxième trimestre de l’année en cours, reculant de 1 %, dans un premier temps puis de 7 %. Alphaliner estime que la conjoncture dans le secteur reste due à une offre de transport excédentaire que les armateurs n’ont pas encore réussi à réduire.
Selon l’étude, ils avaient pu obtenir une reprise du secteur en 2010 grâce à une libération sur le marché des capacités retenues dans les ports depuis 2009. Le cabinet de consultants estime que c’est “leur sens de la mesure en matière de gestion des capacités inexploitées qui leur a permis d’échapper (alors) à un phénomène de surcapacité”. Cette année, les armateurs se montrent presque tous réticents à sortir des marchés où ils sont présents en maintenant leur offre de transport, en dépit de l’érosion des taux de fret.
À l’inverse de 2009, époque à laquelle tous les opérateurs continuaient de travailler à perte, la disparité des revenus du semestre prouve que certains d’entre eux luttent toujours pour conserver leurs parts de marché. Ceux-ci maintiennent ou accroissent la taille de leur flotte même si certains (peu nombreux) ont déjà commencé à retirer quelques unités du marché. Ce comportement général risque, selon Alphaliner, de retarder la reprise dans le secteur qui ne devrait pas sortir de la crise avant la fin de l’année ou début 2012.
En attendant, la note de conjoncture du cabinet de consultants mentionne que seuls les opérateurs dont la trésorerie est fragile ont commencé à réagir en retirant des capacités. Et Alphaliner de rappeler le dépôt de bilan de The Containership Company (TCC) en avril dernier tout en soulignant que l’avenir de certains opérateurs de taille moyenne du secteur s’avère aujourd’hui incertain. Ainsi, CSAV qui, après avoir perdu 525 millions de dollars au premier semestre, se trouve face à de graves problèmes de liquidités. L’armateur chilien a réduit d’ailleurs de 20 % sa capacité déployée dans le cadre d’un programme de rationalisation.