
© Portos do Parana
Les infrastructures brésiliennes sont-elles à la hauteur de la production agricole massive du pays ?
Pour transporter d'énormes quantités de soja ou de maïs depuis les États du Mato Grosso et de Goias vers les ports du Sud, il faut avoir une stratégie de transport à l'échelle du pays entier. Or, le Brésil a accumulé vingt ans de retard dans les infrastructures et la coordination logistique. Nous manquons de communication entre les ports, les voies fluviales et les routes. À cause de ça, l'agriculture continue à générer des revenus peu élevés malgré d'immenses richesses dans ce domaine. La ligne ferroviaire qui alimente le port de Paranagua, par exemple, a été à peine modernisée depuis son inauguration par la princesse Isabel, à la fin du xixe siècle. Les voies sont étroites, les virages serrés et les ponts supportent des charges limitées. Avant d'emprunter cette ligne, les grands convois de grains qui arrivent de l'intérieur du pays doivent être transférés dans des wagons plus petits, qui roulent moins vite. Cela renchérit le coût du fret pour le producteur.
Pour transporter d'énormes quantités de soja ou de maïs depuis les États du Mato Grosso et de Goias vers les ports du Sud, il faut avoir une stratégie de transport à l'échelle du pays entier. Or, le Brésil a accumulé vingt ans de retard dans les infrastructures et la coordination logistique. Nous manquons de communication entre les ports, les voies fluviales et les routes. À cause de ça, l'agriculture continue à générer des revenus peu élevés malgré d'immenses richesses dans ce domaine. La ligne ferroviaire qui alimente le port de Paranagua, par exemple, a été à peine modernisée depuis son inauguration par la princesse Isabel, à la fin du xixe siècle. Les voies sont étroites, les virages serrés et les ponts supportent des charges limitées. Avant d'emprunter cette ligne, les grands convois de grains qui arrivent de l'intérieur du pays doivent être transférés dans des wagons plus petits, qui roulent moins vite. Cela renchérit le coût du fret pour le producteur.
"Une stratégie de transport à l'échelle du pays entier"
Comment expliquer ce manque de stratégie logistique à l'échelle du pays ?
Le pays a pris du retard à cause de difficultés économiques mais ça s'est aggravé dans les années 80 et 90 à cause d'une politique agressive de privatisation du rail, des ports et des routes. Le gouvernement a délégué la gestion sans assurer de coordination. Chaque entreprise a pris soin de son tronçon de route, ou de son "île" portuaire. La Portobras, l'administration nationale des ports, a disparu en 90 et avec elle toute une vision stratégique de la question portuaire. Le Brésil n'a retrouvé des organes de coordination logistique qu'au début des années 2000, notamment avec l'arrivée de Lula au pouvoir. L'Agence nationale des transports fluviaux (Antaq) a été mise en place en 2001, mais douze ans c'est peu pour recréer une vision stratégique dans ce domaine.
Le gouvernement est en train de reprendre en main la gestion des ports. Ce n'est pas suffisant selon vous ?
La mesure fédérale qui est en débat actuellement doit enfin recentraliser la gestion des ports. Car l'inefficacité est encore flagrante. Des navires céréaliers de grande capacité pourraient par exemple venir s'approvisionner dans nos ports, sauf que les quais ne sont pas assez solides pour qu'ils s'y amarrent. Le souci c'est que cette mesure, qui prévoit entre autres le recours à de la main-d’œuvre privée, provoque des résistances parmi les syndicats de dockers. Parfois, là où il suffirait d'une douzaine d'hommes pour charger un navire, ils obligent à embaucher vingt-quatre personnes. C'est un coût pour le système mais un revenu pour eux. Ils sont donc opposés à cette mesure.