Les interdictions de survol, un casse-tête pour les compagnies aériennes

La multiplication des zones de tensions et l'utilisation de missiles de longue portée, comme en Corée du Nord, constituent un véritable casse-tête pour les compagnies aériennes confrontées à un planisphère émaillé de régions interdites de survol.
Jeudi 3 août, la compagnie Air France a annoncé avoir élargi la zone de non-survol autour de la Corée du Nord après le tir d'un missile nord-coréen qui s'est abîmé en mer à plus de 100 km de la trajectoire d'un de ses avions, reliant Tokyo-Haneda à Paris-Charle-de-Gaulle, le 28 juillet.
"Quand on doit contourner ces espaces, ça fait des trajectoires plus longues, des routes qui sont moins optimisées, des temps de vol plus importants et forcément des surcoûts qui, cumulés sur une année, peuvent être extrêmement importants" pour une compagnie aérienne, commente un expert du secteur aérien. Mais, selon lui, "la probabilité" qu'un avion croise la trajectoire d'un missile "est extrêmement faible". "Il y a un équilibre à trouver" entre le risque et le maintien du service, selon lui.
Le crash du vol MH17 est resté de sinistre mémoire. En juillet 2014, ce vol de la compagnie Malaysia Airlines avait été abattu par un missile au-dessus de l'Est de l'Ukraine, alors théâtre de violents combats entre forces de Kiev et séparatistes prorusses, faisant 298 morts.
Face à la rhétorique belliqueuse de la Corée du Nord, qui a réalisé depuis le début 2016 deux essais nucléaires et des dizaines de tirs de missiles, son territoire fait l'objet depuis 2014 d'une interdiction totale de survol émise par la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) française. En outre, depuis août 2016, elle appelle les compagnies à "exercer une vigilance particulière" dans une zone située plus à l'Est en mer du Japon.

Espace aérien vide

Le danger même en cas de non-survol est dû au fait que les missiles nord-coréens empruntent des trajectoires descendantes qui débordent largement de l'espace aérien de la Corée du Nord. Vendredi en début d'après-midi, le site d'informations en temps réel sur les vols d'avions commerciaux Flight Radar montrait un espace aérien totalement vide au-dessus et autour de la Corée du Nord. Selon FlightRadar, 10 à 30 vols sont observés par jour dans l'espace aérien nord-coréen, notamment ceux desservant la Chine, son allié.
Au Japon, le ministère des Transports "n'a donné aucune directive pour le moment" sur un renforcement des interdictions de survol, "mais étant conscient du danger, une réflexion est en cours", a indiqué un responsable du bureau de gestion des crises de la section aviation civile du ministère. Il a précisé, par ailleurs, avoir été informé de la décision d'Air France mais n'avoir "pas reçu de notification de changement de plan de vol de la part d'autres compagnies desservant le Japon concernant une extension de leur zone de non-survol de la Corée du Nord".
La compagnie Alitalia a indiqué, de son côté, faire "chaque semaine un point sur ce qu'il se passe en Corée du Nord". "Depuis déjà quelques mois, nous avons pris des mesures pour accroître la sécurité" et "volons à une distance plus importante qu'Air France sur le vol Tokyo-Rome", selon un porte-parole de la compagnie. Les pays sont souverains pour interdire le survol de leur propre pays ou émettre une circulaire d'information aéronautique (AIC) portant sur des restrictions de survol de zones sensibles, sur la base de remontées du terrain et d'informations des services de renseignements extérieurs.
Une grande partie de l'Ukraine, la Libye, la Syrie, l'Irak et le Yémen sont ainsi interdits de survol par la DGAC. Le Nord du Mali, le Soudan, le Soudan du Sud, la Somalie, l'Afghanistan et le Pakistan doivent être survolés à une altitude de plus de 24.000 pieds (7 km). De son côté l'ONU a décidé à trois reprises l'instauration d'une "no flight zone", une interdiction totale de survol : en Irak entre 1991 et 2003, en Bosnie-Herzégovine de 1992 à 1993 et en Libye en 2011.

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