Les matières premières minées par une offre surabondante

Demande en baisse, production en hausse, ralentissement de la croissance chinoise à l'horizon : les prix des matières premières ont chuté ces derniers mois à leurs plus bas niveaux depuis 2009, signe pour les spécialistes qu'elles pourraient entrer dans un nouveau cycle.
Le prix du pétrole a atteint cette semaine son niveau le plus faible depuis six ans et demi, tandis que ceux des autres matières premières tombaient en même temps que les marchés d'actions : le cuivre coté sur le marché des métaux à Londres passait sous les 5.000 dollars la tonne pour la première fois depuis 2009, tandis que l'aluminium évoluait à son plus bas niveau depuis six ans. "Historiquement, ce mouvement de baisse est à rapprocher de la crise financière asiatique de 1997-1998, lorsque la demande des économies émergentes s'est effondrée", expliquent les experts de la banque UBS. Or ce "sont celles qui consomment le plus de matières premières – énergie et matériaux", ajoutent-ils.
L'histoire se répète, confirme Jeff Currie, analyste chez Goldman Sachs : "Nous sommes en train de voir un cycle similaire à celui dont nous avons été témoins au milieu des années 80", moment de la forte chute du cours des matières premières. "Aujourd'hui, la demande en pétrole continue à augmenter. La chute (des prix) des derniers mois est provoquée par l'abondance de l'offre", explique-t-il.
Le prix du baril de Brent de la mer du Nord et le WTI américain sont ainsi revenus aux niveaux d'avant la crise financière de 2008, autour de 45 dollars le baril pour le premier et de 40 dollars pour le second.

Retour à la normale des cours

Pour autant, ce n'est pas le prix bas qui est une anomalie, mais plutôt les sommets vers lequel les prix des matières premières avaient grimpé ces dernières années. Le pétrole avait ainsi atteint en 2008 plus de 140 dollars, un niveau inédit.
La baisse constatée depuis juin 2014 s'apparente à un retour à la normale d'avant 2007, alors que la production de pétrole reste très forte. Le retour imminent du pétrole iranien sur le marché et le pétrole de schiste américain devraient contribuer à maintenir des prix bas.
La demande de cuivre – un matériau indispensable dans tous les secteurs de l'industrie – a continué à augmenter de 6 % sur un an. Elle est certes en repli par rapport à la moyenne des dix dernières années, mais ne s'est pas effondrée. La baisse de son prix est principalement provoquée par le ralentissement de la demande en Chine, qui avait connu ces dix dernières années une explosion sans précédent.
Pour répondre à la très forte demande d'une industrie chinoise en plein boom, les grands groupes extracteurs de minerai et d'hydrocarbures ont lourdement investi ces dernières années, creusant des mines et forant des puits, et augmenté leurs capacités de production.
À elle seule, la Chine représente désormais la moitié de la production mondiale de métaux industriels. Pour faire face au ralentissement de la croissance chinoise, les entreprises minières ont choisi de réduire leurs coûts mais tout en maintenant un niveau élevé de production – ce qui contribue à l'abondance de l'offre et au maintien les prix bas face à une demande maussade.
Si cette faiblesse des cours n'est pas une bonne nouvelle pour les grandes entreprises minières et pétrolières cotées sur les grandes places financières, elle est toutefois positive pour les économies américaine et européenne.
Sur les dix dernières années, "les salaires réels dans les grands pays industrialisés n'ont pas augmenté aussi vite que les prix des matières premières. Donc un prix bas sur les matériaux signifie que le pouvoir d'achat va augmenter", conclut Martin Kunc, professeur associé à l'unité de Warwick.

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