Les matières premières, vigie de la croissance mondiale

Minerai de fer, nickel, cuivre, zinc... Après des années de repli sur fond de croissance molle, le prix des matières premières connaît un début de reprise, accentué par la victoire de Donald Trump, mais il est encore trop tôt pour en estimer l'impact sur l'économie mondiale.
Les métaux extraits du sous-sol sont placés très haut dans la chaîne de production industrielle et ils sont donc considérés comme des indicateurs avancés de l'économie. Le prix du cuivre a atteint son plus haut niveau depuis près d'un an et demi, le nickel n'avait jamais été aussi haut depuis seize mois et le zinc depuis cinq ans.
"Nous avons observé des signaux avancés d'un rééquilibrage", s'est félicité Andrew Mackenzie, le directeur exécutif du géant minier BHP Billiton, lors de la publication des résultats de son groupe au troisième trimestre, en octobre. Et la victoire de Donald Trump a accentué le phénomène sur les prix : ils ont progressé, en raison des promesses du candidat républicain de lancer un vaste programme d'investissements dans les infrastructures. Pourtant, en juillet, BHP Billiton avait annoncé la plus grande perte annuelle de son histoire, à 6,39 milliards de dollars, après l'effondrement des cours des matières premières ces dernières années.
"Le message-clé, c'est que nous observons une stabilisation des prix des matières premières après des années de fortes chutes dans certains cas", a expliqué Simon Redmond, directeur et spécialiste des industries extractives pour l'agence de notation Standard & Poor's. Grisés par l'appétit apparemment insatiable de la Chine et des grands pays émergents, les principaux groupes avaient foré, creusé, extrait d'importantes quantités de minerais. Quand la Chine a commencé à ralentir sa croissance après 2010, ils se sont retrouvés contraints à réduire leur production, lancer de profondes restructurations et renoncer à de nouveaux projets.
Un certain optimisme s'empare des groupes miniers. Le brésilien Vale, premier producteur mondial de minerai de fer, a affiché un bénéfice net de 575 millions de dollars au troisième trimestre et le géant du négoce de matières premières suisse Glencore a revu ses prévisions de bénéfice à la hausse. Le gouvernement finlandais a lui décidé de revenir sur sa décision de fermer la mine de Talvivaara, qui fut la plus grande mine de nickel de l'UE.

La Chine, un véritable moloch

Mais toutes les industries extractives ne sont pas à la même enseigne, notamment dans l'énergie, un secteur fortement soumis aux décisions politiques, que ce soit les divergences au sein du cartel de l'Opep ou les mesures de lutte contre le réchauffement climatique. Ainsi le géant de l'acier ArcelorMittal a anticipé un recul de sa rentabilité au quatrième trimestre, en raison de la hausse "inattendue" du prix du charbon liée à la décision de la Chine de limiter sa production à 276 jours par an.
Sur ce marché gigantesque, la Chine est un véritable moloch en raison des quantités de minerais qu'elle consomme, ou qu'elle produit. "Il y a des progrès du côté de la gestion des capacités excédentaires de la part de la Chine, même si, dans certains secteurs, ce pays a péché par excès de zèle, notamment en ce qui concerne le charbon", a affirmé William De Vijlder, directeur de la recherche économique du groupe BNP.
Enfin, il est difficile de quantifier la part de la hausse des prix provoquée par le rétrécissement de l'offre du côté des groupes miniers et par ce qui est attribuable à une reprise de la demande. "Nous sommes dans un environnement très concurrentiel avec une demande finale qui reste très élastique et il est donc très difficile de répercuter" la hausse des cours, a souligné William De Vijlder. "À nos yeux, ce n'est pas forcément le début d'un rebond cyclique des prix", pour Simon Redmond.
Quant à l'impact macro-économique, il est plus qu'incertain. La hausse des cours ne devrait pas apporter pour l'instant un coup de pouce très attendu pour l'inflation, principalement en Europe. "Les entreprises qui doivent payer leur énergie plus cher ou des produits dérivés plus cher ne le répercutent pas encore sur leur prix de vente", a affirmé William De Vijlder. La demande reste en effet trop faible pour que les entreprises augmentent leurs prix.
Pour Laurent Geronimi, directeur de la gestion des taux à la banque privée suisse SwissLife, "il n'est de toute façon dans l'intérêt de personne aujourd'hui de déstabiliser les prix des matières premières" avec une forte hausse. "La Chine est en train de reprendre doucement sa croissance, les pays d'Amérique latine ont besoin de stabilisation. L'Arabie saoudite vient de faire un énorme emprunt pour modifier son modèle économique. On se rend compte qu'aujourd'hui il y a plutôt une envie de calmer le jeu".

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