Les négociations salariales dans le transport routier calent à nouveau

"Position dogmatique" du patronat contre revendications syndicales "inatteignables" : souhaitées par le gouvernement, les négociations salariales dans le transport routier ont tourné court jeudi 26 mars. Les retrouvailles programmées au siège de l'administration du Travail d'Île-de-France à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), un mois et demi après la dernière rencontre, ont débouché sur un nouvel échec, après trois heures d'un dialogue stérile. "Tout ce qui a été fait depuis cinq mois a abouti à une position dogmatique de la partie patronale et à aucune augmentation", a indiqué Thierry Douine, président de la CFTC Transports. "Rendez-vous en 2016 et là, ce sont les salariés qui vont s'énerver", a-t-il prévenu. Démarrées en novembre, les négociations annuelles obligatoires dans le transport routier de marchandises (près de 330.000 salariés fin 2013) ont été jalonnées par de multiples actions de protestation, entre opérations escargot et blocages de sites industriels et logistiques. Le 9 février, les syndicats avaient rejeté en bloc les propositions patronales, à savoir une réduction du délai de la carence maladie pour passer de cinq à trois jours, une meilleure prise en charge de la mutuelle obligatoire et une hausse des indemnités de déplacement. Principale raison : le patronat avait refusé de manière catégorique les 5 % d'augmentation salariale réclamée par l'intersyndicale (CFDT, CFT, FO, CFTC, CFE-CGC), qui a depuis revu ses prétentions légèrement à la baisse. Jeudi 26 mars, la fédération patronale des PME (OTRE) est revenue à la table des négociations avec la volonté de trouver un compromis. S'ajouterait, à sa proposition initiale (entre 1,4 et 2,2 % selon les coefficients), "une seconde augmentation entre 0,4 et 0,6 % au 1er octobre", si l'amendement de lutte contre le dumping social à la loi Macron rentrait en application, a indiqué Jérôme Vérité de la CGT Transports.

Exaspération

Les députés ont adopté à la mi-février un amendement au projet de loi porté par le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, prévoyant que les chauffeurs routiers étrangers travaillant dans l'Hexagone soient payés au Smic français. Cette mesure, copiée sur le voisin allemand, rend "une part de compétitivité aux entreprises françaises", avait expliqué Jean-Marc Rivera, secrétaire national adjoint de l'OTRE. "À partir de là, c'est une ouverture pour nous dans les négociations sur les salaires", avait-il confié. Mais pour la CFTC, cette nouvelle copie rendue par le patronat s'apparente à une posture. "Ils veulent montrer qu'ils font de nouvelles propositions pour se redorer le blason", mais cela "ressemble plus à du chantage", raille Thierry Douine. "Je ne veux pas conditionner un accord sur la rémunération au problème du dumping social, ça n'a rien à voir", tranche le syndicaliste, pour qui de toutes les façons, "personne aujourd'hui n'est en capacité de contrôler" l'application d'une telle mesure. L'autre partie patronale, représentée par la puissante FNTR (12.500 entreprises adhérentes) et son allié TLF, n'a pour sa part pas fait de nouvelles propositions salariales, comme elle l'avait indiqué avant même le début de la réunion. Jugées "inatteignables" en raison du contexte économique difficile, les dernières demandes formulées par les syndicats n'étaient "pas une base sérieuse de négociation", avait tranché Nicolas Paulissen, le délégué général de la FNTR.
À l'issue de la rencontre, les négociateurs patronaux ont été brièvement retenus par plusieurs dizaines de militants syndicaux. "Ça leur a permis de percevoir l'exaspération" des salariés et "de toucher une réalité qu'ils nient", à savoir la "smicardisation" croissante de la profession, selon Jérôme Vérité. En l'absence d'accord, les grilles salariales resteront bloquées au niveau de 2012. Actuellement, la totalité des minima conventionnels à l'embauche est passée, à l'exception d'un seul, sous le salaire minimum (9,61 euros en 2015).

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