Les pilotes de Marseille-Fos sont tournés vers l'avenir

Après une période de restructuration, la station de pilotage de Marseille-Fos reprend les investissements et se prépare à l'évolution du trafic portuaire, avec la réception des plus grands navires au monde.
Le syndicat des pilotes de Marseille-Fos sort d'une période délicate, mis en difficulté au fil des événements qui ont secoué son port d'attache. À la pénible mise en place de la réforme portuaire lancée en 2008 ont succédé la crise économique et celle du raffinage européen. L'érosion de l'activité hydrocarbures du port provençal est continue depuis maintenant près d'une décennie et le trafic global du GPMM est passé de 100 millions de tonnes en 2006 à 79 millions en 2013.
"C'est la fin de la période faste du pétrole", tranche Jean-François Suhas, secrétaire général du syndicat. Ce changement de donne a obligé les pilotes marseillais à réaliser de sérieuses économies. Ils ont suivi un plan de restructuration qui a réduit les effectifs de 46 pilotes et 75 salariés en 2011 à 44 pilotes et 58 salariés d'ici fin 2014. Cinq pilotes travaillent en coopération avec Nice, Cannes et Villefranche-sur-Mer. Les autres sont répartis en deux tiers à Fos et un tiers à Marseille.
Jean-François Suhas se félicite de ne pas avoir eu à procéder à des licenciements qui auraient rompu la dynamique : "Les départs à la retraite, le chômage partiel et les départs volontaires nous ont permis de garder tous nos jeunes".
Le chantier naval a repris son activité cette année pour la construction de la "Morgiret", pilotine de 17 mètres qui sera livrée en 2015, soit deux ans après la dernière vedette, la "P112". La station compte lancer deux nouvelles constructions simultanées l'année prochaine afin de rattraper le retard pris depuis 2008 dans le renouvellement de sa flotte, tout en réalisant des économies d'échelle. Une quatrième unité devrait être produite d'ici 2018. "Nous reprenons les investissements nautiques. Les pilotines ont une durée de vie de dix ans, il faut en construire pratiquement une par an", explique Jean-François Suhas. À ce jour, la flotte des stations de Marseille-Fos comprend quatre vedettes de 17 mètres et sept de 12 mètres.

Efforts partagés

Chez les pilotes marseillais, rien ne laisse présager une augmentation de trafic pour 2015. "Concernant la SNCM, ce sera même le contraire, prédit Jean-François Suhas. Nous allons donc poursuivre la réduction des coûts avec deux nouveaux départs de salariés en 2015 qui ne seront pas remplacés". Au 31 août, l'activité avait diminué de 2 % depuis le début de l'année, soit quelque 300 escales en moins liées aux grèves de la SNCM en juin et juillet dernier, qui ont aussi fait annuler plusieurs escales de paquebots, pénalisant l'ensemble des activités nautiques – pilotage, lamanage et remorquage.
Pour autant, cette mauvaise nouvelle ne devrait pas affecter les tarifs. "Lorsque le trafic augmente, le gain revient à 50 % pour les pilotes et 50 % pour les clients, affirme le secrétaire général du syndicat. Nous sommes censés augmenter les tarifs lorsque le trafic diminue mais nous ne le faisons jamais vraiment". Et d'autant moins cette année : "Pour réussir ces réformes, il nous fallait le soutien de la communauté portuaire, ce que nous avons eu". L'effort a été à la fois financier et opérationnel puisque les pilotes ont bénéficié d'un coup de pouce tarifaire (hausse de 1,7 % en 2012 et 2 % en 2013) et que "les clients se sont adaptés à la diminution des effectifs et du nombre de stations en acceptant d'attendre un peu plus longtemps et de rompre avec leurs habitudes de choisir le lieu d'embarquement du pilote". Pas rancuniers, les patrons des entreprises de la place ont même élu à la tête de l'Union maritime et portuaire (UMF) en 2013 le président du Syndicat des pilotes, Jean-Philippe Salducci. "La hausse de tarif a été de 0,52 % en 2014 et devrait être inférieure à 0,5 % en 2015", annonce Jean-François Suhas.

Préparer les nouveaux trafics

Autre développement prévu pour 2015, le PPU (Portable Pilot Unit), un outil informatique développé par la SSII brestoise Geomod pour les pilotes marseillais, qui ont sollicité l'aide de leurs collègues de Roterdam, déjà équipés. Ce système embarqué de simulation en temps réel servira à la manœuvre des très grosses unités – les porte-conteneurs de 370 mètres et plus et les Q-Flex, méthaniers de 315-320 mètres. Il nécessitera la présence à bord de deux pilotes. Geomod développe aussi pour la station ePilotBook, une application disponible sur smatphones et tablettes qui inclut toutes les données de bathymétrie, mises à jour en permanence par le GPMM.
Il s'agit d'accompagner l'évolution du port dans le secteur de la croisière à Marseille et dans ceux du conteneur et du GNL à Fos.
Le syndicat est aussi impliqué dans les études du GPMM pour l'élargissement de la passe Nord, dont le premier élément, la digue de Mourepiane, doit être livré fin 2015. "Nous nous sommes déplacés en Europe pour valider les travaux proposés auprès des croisiéristes Carnival et MSC, raconte Jean-François Suhas. Une fois ceux-ci terminés on pourra théoriquement faire entrer n'importe quel navire jusqu'à 40-45 nœuds de vent". Les pilotes ont également travaillé avec Royal Caribbean International (RCI) à la venue à Marseille en mai 2015 de l'"Allure of the Seas", le plus gros paquebot du monde.

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