Ligne régulière : la pandémie, un propulseur d'étrave pour certains professionnels

Si la crise sanitaire s'est traduite par une dérégulation de la ligne régulière, nombre de professionnels estiment s'être montrés réactifs et innovants pour contourner les difficultés de la supply chain. Ils redoutent davantage l'impact sur le marché du nouveau confinement de Shanghai.
Avec en double toile de fond de toile la guerre russo-ukrainienne pesant davantage sur les volumes mondiaux du vrac que sur les échanges conteneurisés et la politique du zéro Covid en Chine, "les leçons tirées de la pandémie dans la conteneurisation" lors de la première conférence du "maritime day" de la SITL se sont montrées globalement positives de la part des professionnels.

Au plan portuaire, les acteurs du monde de la manutention estiment, selon Ronan Sévette, délégué général de l'Unim (Union nationale des industries de la manutention), avoir su "faire front à la crise sanitaire", malgré les perturbations. Pour lui, la profession a pu "poursuivre les opérations. La pandémie, juge-t-il, a "généré en France de la cohésion".

Chez Haropa Port, selon Kris Danaradjou, le directeur en charge du Développement, si l'année 2021 s'est montrée très perturbée, "la congestion s'est avérée inexistante. On a déployé une agilité grâce à la mobilisation des services". Et d'ajouter : "avec la capitainerie, nous avons pu sécuriser le process de l'utilisation des terminaux ainsi que des temps d'attente".

Le métier s'est "montré imaginatif"

La profession des commissionnaires de transport pense s’être montrée apte à trouver des solutions vis-à-vis de ses clients au cours de la période. À entendre Simon Roy, vice-président "Ocean Freight" de DHL Global Forwarding, au cours des derniers mois de crise, "l’ADN de cette profession s’est révélé être la flexibilité". Il a souligné que les commissionnaires de transport ont su pendant la période "conserver de bonnes relations avec les compagnies maritimes".

Pourtant, Simon Roy estime avoir dû "faire face à des situations de ruptures de chaîne logistique vis-à-vis de nos clients". Il indique que le métier a su "se montrer imaginatif". À cet égard, il cite l'exemple des solutions de "shippers owned containers" (des conteneurs détenus par les chargeurs) auxquelles les transitaires ont eu recours.

Le responsable maritime du groupe DHL estime que les compagnies se dirigent vers "un pricing visant à donner de la visibilité à plus long terme" et qu'elles tentent de réaliser davantage de "carrier haulage", à savoir d'assurer les opérations de post-acheminement. Il prône aujourd'hui pour la profession davantage de solutions de numérisation et de complémentarité avec le rail.

Quant à Stéphane Defives, le directeur maritime de Kuehne+Nagel France, il a affirmé que le métier a dû "se montrer créatif" et afficher "sa capacité à s'adapter". Et d'expliquer : "nous avons travaillé pour anticiper les problèmes et contrecarrer les difficultés qui se sont présentées". Selon lui, pour contourner les problèmes de congestion portuaire, "on a découvert les nouveaux ports qui nous ont permis de fluidifier notamment les échanges Asie-Europe qui nous avaient été confiés".
 
Si Stéphane Defives estime que "le succès de cette stratégie n’a pas été total", les commissionnaires de transport vont, selon lui, "sortir grandis de cette situation".

Pour sa part, Anne-Sophie Fribourg, directrice du développement du fret maritime chez Bolloré Logistics, se dit convaincue que la guerre en Ukraine "pèsera un peu plus sur la congestion portuaire mondiale". Et de rappeler que le problème a affecté notamment pendant la période le secteur Asie-Amérique du Nord et que l'hinterland américain a été impacté.

La responsable du groupe français affirme que l'utilisation des ports secondaires a déplacé le problème de congestion aux États-Unis. Et de citer l'exemple des ports de Norfolk et Savannah, sur la côte Est, dans lesquels les temps d'attente sont passés de 4 à 8 jours. Autre polémique soulevée par la professionnelle du transit international, les blank sailings qui ont espacé le rythme des escales dans certains ports.

L'AUTF réclame davantage d'éthique

À l’AUTF, le président Denis Choumert affiche des positions beaucoup moins optimistes que les commissionnaires de transport. "Une crise permanente existe depuis deux ans au sein des entreprises. Si des cellules travaillent à trouver des solutions, nous ne nous trouvons pas encore dans une situation pacifiée", affirme-t-il.

À ses yeux, "la baisse importante de capacité et l'augmentation de la demande ont créé ce désordre". Tout comme Victor Beuzelin, chargé de compte au sein de la plateforme Xeneta,
il déclare que la flambée des taux de fret des derniers mois contribue à l'inflation. Le président de l'AUTF n'hésite d'ailleurs pas à réclamer aux compagnies maritimes davantage d'"éthique".

Pour Jérôme de Ricqlès, l'expert transport maritime de la plateforme de données Upply, le bilan n'est pas vraiment positif. Il pointe du doigt "la dérégulation des services maritimes". Des services qu'il accuse de "n'avoir pas cessé de se dégrader". S'il observe toutefois une légère amélioration depuis février dernier, il redoute le changement de paradigme avec le nouveau confinement de la ville de Shanghai issu de la politique chinoise s'agissant de la pandémie. "Si la situation s'arrête, tout peut être remis en cause. On est sur des seuils d'acceptabilité en matière de tarifs", affirme-t-il.

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