Manutention portuaire : priorité à l'emploi et à la reconquête des trafics

Si la réforme portuaire a clarifié les responsabilités et périmètres d'intervention entre missions régaliennes et privées, son application soulève plusieurs difficultés : ouverture aux ports décentralisés, financement du nouveau régime "Pénibilité", convergence avec l'UPF... Des dossiers sur la table sur fond de crise économique qui fragilise la profession et ses emplois.
"Du fait de la crise, les trafics ne sont pas au rendez-vous. Du coup, la première préoccupation des entreprises est la préservation de l'emploi des salariés" alerte Christian de Tinguy. "La situation est variable selon les ports. Malgré la reprise des trafics et de parts de marché sur le range Nord, le taux d'inemploi au Havre par exemple atteint encore près de 80.000 heures. C'est mieux qu'en 2012 où il était le double mais l'inemploi demeure une difficulté qui s'ajoute aux pressions tarifaires des armements. Ce contexte fragilise la profession", selon le président de l'Unim, et rejaillit sur les investissements. "La frilosité des banques est accentuée en outre par une fragilité domaniale puisque les conventions de terminal comprennent des objectifs de trafics".
De l'aveu de Xavier Galbrun, "les autres dossiers seraient secondaires sans la crise". En l'état, ils assombrissent la visibilité des manutentionnaires. La méfiance est ainsi de mise quant aux suites données à la politique portuaire européenne commune et à la directive Concession, même si dans les deux cas, la manutention semble exclue. "Chat échaudé craint l'eau tiède", lance le délégué général en citant le projet de règlement portuaire "susceptible de déboucher sur un nouveau projet port package si on n'y prend pas garde". Quant à la directive Concession, l'Unim sera attentive à sa transposition en droit français. Le texte européen exclu en effet les "lend-lease", soit les conventions de terminal. "Il faut s'assurer que la transposition suive ce raisonnement".

Pénibilité en toile de fond

Une autre difficulté concerne l'application des accords "Pénibilité". Après un avenant de clarification conclu fin 2012 sur le périmètre du régime, son équilibre financier "demeure précaire". Promesse de financement des pouvoirs publics non tenue, suppression de la taxe professionnelle sur laquelle des allègements étaient prévus remplacée par la contribution économique territoriale* sans reprise desdits allègements... "Nous avons le sentiment d'avoir été un peu floués et aujourd'hui le risque d'impasse financier est réel". Il est même certain si le régime s'ouvre aux ports des Dom. Aussi, Christian de Tinguy préconise-t-il la définition et la mise en place d'un dispositif propre et autonome aux Dom. Le régime pénibilité en métropole représente un surcoût de l'ordre de 7 % de la masse salariale pour les entreprises de manutention. "Ce surcoût s'additionne à celui induit par la mise en place de la nouvelle collective unifiée" évaluée à 10 % de la masse salariale. Au sein de l'Unim, l'accord "Pénibilité" est également à l'origine de tensions internes marquées par le départ du Syndicat des manutentionnaires de main-d'œuvre du port de Rouen. "La porte est ouverte à son retour", adresse Christian de Tinguy à ses membres...

Quid des ports décentralisés

Au-delà, la mise en œuvre de la réforme et de la convention collective unifiée a mis en lumière des divergences entre l'Union des ports de France et l'Unim, les deux branches patronales concernées. "Dans les négociations en cours, tout est fait pour nous diviser et, à l'avenir, il faudra impérativement que nos positions convergent davantage". Autre chantier sur la table, l'adaptation de la réforme aux ports décentralisés. "Aujourd'hui, ces derniers l'appliquent sans en tirer les avantages.

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