Menaces de boycott du port de Klaipeda

Peu après que la Lituanie et ses partenaires baltes de la zone euro, l'Estonie et la Lettonie, ont annoncé leurs sanctions, le dirigeant bélarusse a menacé de réacheminer le transport des marchandises vers des ports russes.
Hub commercial maritime vital pour le Bélarus, pays sans accès à la mer, le port lituanien de Klaipeda risque de subir bientôt des conséquences économiques de la ligne dure menée par ce pays balte vis-à-vis du président contesté Alexandre Loukachenko. Les sanctions prises il y a un mois contre des responsables du régime de Minsk sont une réponse à la répression brutale contre les manifestants exigeant la démission de Alexandre Loukachenko après l'élection présidentielle contestée du 9 août. Klaipeda est le plus grand port balte, par lequel transitent annuellement plus de 45 millions de tonnes de marchandises, dont plus d'un quart en provenance et à destination du Bélarus et via les chemins de fer lituaniens. "La cargo bélarusse est très important pour le port de Klaipeda", a insisté Algis Latakas, directeur général du port.

Boycott politique

Selon Andrius Romanovskis, président de la confédération des entreprises de Lituanie, les sociétés opérant à Klaipeda restent "très vigilantes et suivent de près" les dernières informations en provenance du voisin du sud. "Pour certaines entreprises, cela signifierait un effet économique négatif assez important", a-t-il souligné. Au pouvoir depuis 26 ans, le président Loukachenko, a dans un premier temps menacé de couper la route à travers la Lituanie. Il a été soutenu en cela par la Russie, son principal allié qui veut détourner le commerce du pétrole des ports lituaniens vers ses propres ports. Outre les produits pétroliers, le Bélarus utilise également Klaipeda pour exporter des engrais de Belaruskali, le plus grand producteur mondial de potasse. Selon Algis Latakas, un boycott serait purement politique et n'aurait aucun sens du point de vue économique. "Nous pensons qu'à court terme, politiquement, cela peut être possible mais cela s'avérerait plutôt compliqué en pratique parce qu'ils ont besoin de technologies et d'une chaîne logistique concertée", a-t-il estimé. "Klaipeda est l'emplacement le plus rapproché des usines d'engrais bélarusses et, depuis 2006, les marchandises bélarusses partent vers le reste du monde principalement via ce port", a complété Algis Latakas. Selon lui, ni le port ni les chemins de fer lituaniens n'ont enregistré de changements jusqu'ici. Seuls les camionneurs lituaniens ont signalé des contrôles plus approfondis à la frontière aux cours des derniers jours.

Vers un accord avec la Russie ?

Avant l'élection présidentielle contestée, le Bélarus a utilisé Klaipeda pour ses importations du pétrole – y compris en provenance des États-Unis et de l'Arabie saoudite – pour réduire sa dépendance à l'égard de la Russie. Depuis le vote et les manifestations de masse qui ont suivi, Alexandre Loukachenko est devenu dépendant du soutien de Moscou et le gouvernement a changé son fusil d'épaule.
Au début du mois de septembre, le ministre russe de l'Energie, Alexander Novak, s'est rendu à Minsk pour soulever la question, suscitant des spéculations sur un accord imminent. "Nous devons créer des conditions économiques bénéfiques pour les deux parties", a-t-il déclaré, exprimant l'espoir qu'un accord pourrait être conclu avec le Bélarus "d'ici la fin de ce mois". Les responsables russes ont déclaré que toute cargaison bélarusse pourrait transiter par les ports russes d'Oust-Louga et de Kaliningrad. Selon certains experts, Moscou pourrait même être disposé à indemniser Minsk pour ses pertes afin de récupérer le trafic de marchandises et de punir la Lituanie, membre de l'UE et de l'OTAN. Celle-ci avait particulièrement irrité Minsk en accueillant la candidate de l'opposition Svetlana Tikhanovskaïa qui s'y est réfugiée après avoir revendiqué sa victoire contre Alexandre Loukachenko. Le président lituanien Gitanas Nauseda a, quant à lui, écarté la perspective d'un impact économique sur Klaipeda, insistant sur le fait que Minsk n'agirait pas en sa propre défaveur. "Je ne veux pas spéculer sur ce qui se passe dans l'esprit de ces personnes, mais la réalité économique est que le Bélarus profite le plus du transport de ses marchandises via le port de Klaipeda", a-t-il déclaré au début du mois.

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