
© My ferry link
Arrimés à Calais depuis le 10 août et repeints aux couleurs de la nouvelle compagnie (bleu, blanc et rouge), le "Berlioz" et le "Rodin", deux des trois navires rachetés par Eurotunnel, ont quitté le terminal ferry pour une heure et demie de traversée sur le détroit du Pas-de-Calais. Le "Berlioz", qui peut transporter 1.900 passagers et 120 camions, a effectué la première rotation, avec un départ à 5 h 30 du port de Calais. Le "Rodin", de même capacité, a pris la mer dans la foulée, aux environs de 7 heures. Les deux navires effectueront chacun quatre allers-retours par jour entre les côtes françaises et britanniques. L'exploitation du fréteur "Nord-Pas-de-Calais", actuellement en visite technique, reprendra quant à elle à la fin de l'automne.
"Première traversée transmanche d'un navire My ferry link"
Pour ses premières traversées, "My ferry link" "n'attend pas de miracle. Notre objectif est de faire reprendre la mer à ses bateaux et à ses marins et asseoir notre existence", a déclaré Jean-Michel Giguet, le directeur général de la nouvelle société d'exploitation, constituée en coopérative ouvrière (Scop). Le prix de la traversée simple est compris entre 45 et 55 euros, a-t-il précisé. M. Giguet vise de "12 à 14 %" de parts de marché pour l'activité fret et de "8 à 10 %" pour l'activité passagers, contre 18 % réalisés par SeaFrance avec six navires, avant l'interruption du trafic transmanche le 15 novembre.
Depuis, le britannique P&O Ferries a augmenté sa flotte et Louis Dreyfus Armateurs, associé au danois DFDS, a mis en service deux navires sur le détroit. "Il y a du marché pour tout le monde, surtout avec un nouvel opérateur, sous pavillon français, qui veut assurer un service de qualité", a assuré Raphaël Doutrebente, directeur général adjoint de "My ferry link". "C'est une nouvelle page qui s'écrit", a-t-il ajouté. "Nous reprenons les compétences des anciens salariés SeaFrance, les qualités des navires SeaFrance, mais avec une approche et un concept totalement différents. Avec la Scop, les salariés sont à la fois salariés et actionnaires", a renchéri M. Giguet.
395 marins et sédentaires
Avec l'embauche de 395 marins et sédentaires, "majoritairement des ex-SeaFrance", "on a redonné de l'emploi à des gens qui étaient au chômage depuis des mois, qui ont énormément souffert et qui aujourd'hui sont très investis", a par ailleurs insisté Raphaël Doutrebente. "Nos navires ont été remis en parfait état et sont certainement les plus adaptés à la ligne Calais-Douvres", a-t-il estimé, s'enorgueillissant d'avoir "remonté une entreprise aussi vite avec autant d'effectifs, alors qu'il y a des plans sociaux en série". "Recruter 300 et quelques personnes dans un contexte un peu sinistre, c'est un moyen de démontrer qu'il y a un peu d'espoir", a souligné Jean-Michel Giguet.
SeaFrance employait 880 personnes en CDI jusqu'à sa liquidation judiciaire le 9 janvier. Ses actifs avaient été attribués le 11 juin par le tribunal de commerce de Paris à l'exploitant du tunnel sous la Manche Eurotunnel pour un montant total de 65 millions d'euros.