
© MyFerryLink
"C'est le premier avertissement qu'on a voulu donner à la commission anglaise car il y a un appel qui va être introduit demain (devant la Cour d'appel de Londres, NDLR)", a déclaré Éric Vercoutre, membre fondateur de la Scop (Société coopérative et participative) et secrétaire général du Syndicat maritime Nord. Le syndicaliste a estimé qu'il fallait "trouver un compromis entre le gouvernement anglais, le gouvernement français, la commission européenne et Eurotunnel" afin qu'"Eurotunnel ne soit plus l'actionnaire principal de MyFerryLink" et qu'il devienne minoritaire. Les manifestants ont empêché la compagnie DFDS d'accoster à Calais en laissant les navires français occuper les postes d'embarquement. Un seul navire P&O Ferries a pu débarquer ses passagers sans incident à 14 heures. Les autres navires de DFDS Seaways ont été déroutés vers Dunkerque.
"Pendant deux ans MyFerryLink a mangé son pain noir"
Avec DFDS Seaways et P&O Ferries, MyFerryLink est l'une des trois compagnies desservant la ligne Calais-Douvres, principal point d'entrée pour le trafic transmanche en Grande-Bretagne. La sénatrice-maire de Calais Natacha Bouchart (UMP) a "soutenu" ce blocage, qui a débuté à 11 heures et qui doit prendre fin à 18 heures. "S'ils ne sont malheureusement pas entendus, moi j'estime qu'ils devront aller bloquer le port de Douvres", a-t-elle déclaré. L'élue a estimé que "le gouvernement français devrait négocier avec le gouvernement britannique, au risque d'un incident diplomatique" pour que Londres "revienne sur sa position".
Début janvier, la compagnie maritime française s'est vu interdire en appel de desservir Douvres par les autorités britanniques, conduisant Eurotunnel, propriétaire de ses navires, à se dire contrainte de chercher un repreneur. L'autorité britannique de la concurrence et des marchés (CMA) avait estimé que MyFerryLink devait être indépendante d'Eurotunnel, exploitant du tunnel sous la Manche, pour éviter une situation de quasi monopole et de distorsion au détriment des autres transporteurs maritimes, DFDS et P&O. Mi-février, la Scop SeaFrance avait annoncé qu'elle se portait candidate au rachat de MyFerryLink, son émanation commerciale. Une délégation de MyFerryLink doit être reçue à la sous-préfecture de Calais en fin d'après-midi pour réclamer une table ronde avec la région et l'obtention d'un prêt remboursable pour leur permettre de devenir propriétaires de leurs navires. "On n'est pas contre un repreneur", a cependant estimé Éric Vercoutre. "Pendant deux ans MyFerryLink a mangé son pain noir en étant déficitaire et là on commence à gagner de l'argent".