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Dans un secteur en importante difficulté, Petroplus a annoncé jeudi qu'il envisageait de fermer l'unité de fabrication d'huiles de base, c'est-à-dire de lubrifiants, qui emploie 120 personnes sur les 550 que compte au total le site haut-normand. "Il est devenu clair que la raffinerie de Petit-Couronne nécessite d'autres changements structurels pour augmenter significativement sa capacité concurrentielle sur un marché très disputé", a fait valoir Jean-Paul Vettier, directeur exécutif de Petroplus, basé dans le très huppé canton suisse de Zoug. Le groupe, qui avait racheté la raffinerie à Shell en 2008, pourrait également suspendre les grands travaux de maintenance d'un montant de 25 M EUR qui devaient être réalisés dans l'unité lubrifiants au début de 2012 et la mettre "sous cocon".
«Fermeture de l'unité de lubrifiants de Petit-Couronne»
Le syndicat CGT a aussitôt dénoncé cette restructuration en estimant qu'elle allait contribuer à nouveau à l'affaiblissement du raffinage français après les annonces de fermeture des raffineries Total de Dunkerque, Petroplus de Reichstett et récemment LyondellBasell à Berre. "Quand j'ai commencé à travailler en 1980, on comptait vingt-trois raffineries en France, aujourd'hui on en compte tout juste une dizaine", a souligné Yvon Scornet, délégué CGT de la raffinerie de la banlieue de Rouen. Dix pour être précis, en comptant la raffinerie LyondellBasell à l'avenir très incertain : en surcapacité et peu rentable, le secteur du raffinage français traverse en effet d'importantes difficultés.
Un contexte doublement défavorable
Le contexte est doublement défavorable : la consommation de carburants baisse en France et en Europe, du fait des économies d'énergie et de la morosité économique, et les groupes pétroliers ouvrent d'importantes raffineries dans les pays émergents ou au Moyen-Orient, là où la demande d'énergie s'envole. "Des pays où les contraintes sociales et environnementales n'ont rien à voir avec les nôtres", déplore M. Scornet. Total, qui contrôle cinq des dix raffineries françaises, a annoncé début octobre une fusion de ses divisions raffinage et pétrochimie avec l'espoir de "redynamiser" ses activités. Dans le créneau des lubrifiants visé à Petit-Couronne, la tendance n'est pas plus rose : les moteurs de voitures se sont améliorés et ont besoin de moins de vidange, tandis que du fait du climat industriel médiocre en France, les machines des usines consomment moins d'huiles. Ouverte en 1929, la raffinerie haut-normande a une capacité de distillation de 150.000 barils par jour. Petroplus possède quatre autres sites en Europe : Coryton (Royaume-Uni), Anvers (Belgique), Ingolstadt (Allemagne) et Cressier (Suisse), pour une capacité totale de 667.000 barils par jour.