Polémique autour du 3e aéroport géant d'Istanbul

Le projet de construction à Istanbul du "plus grand aéroport du monde", cher au Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a viré mardi 11 février à la polémique après la décision d'un tribunal d'en suspendre les travaux, aussitôt rejetée par le gouvernement. Lancé en grande pompe il y a quelques mois, ce chantier pharaonique controversé a connu un premier revers juridique avec la décision, rendue le 21 janvier, d'un tribunal administratif stambouliote, qui a ordonné l'arrêt des travaux en jugeant l'étude d'impact environnementale versée au dossier peu convaincante. Conformément à la requête d'une association de riverains et d'un groupe d'ONG de défense de la nature qui les avaient saisis, les juges ont demandé, selon les médias turcs, une nouvelle étude pour évaluer les dégâts causés par le chantier, avant de rendre un avis définitif sur le projet, probablement pas avant un an. Très contrarié, le gouvernement turc a immédiatement annoncé son intention de faire appel de la décision de la justice, et de conduire le projet à son terme. "Notre aéroport sera construit sans interruption, ni pause. Personne ne doit croire que cet aéroport qui assurera une renommée mondiale à la Turquie ne verra pas le jour. Ce projet sera mené à son terme, quoi qu'il arrive", a déclaré le ministre de l'Environnement, Idris Gulluce. "Cette décision n'est qu'une suspension provisoire dans l'attente d'une étude environnementale", a renchéri son collègue des Transports, Lutfi Elvan, "elle n'affectera en aucun cas la construction de l'aéroport".
Destiné à remplacer l'actuel aéroport international Atatürk saturé, cet aéroport géant doit être construit dans une vaste zone boisée du Nord-Ouest d'Istanbul, au bord de la mer Noire, proche des dernières sources d'eau de la ville.

"Massacre environnemental"

En présentant le projet, le gouvernement avait évalué à 2,5 millions le nombre d'arbres susceptibles d'être abattus pendant le chantier. Dans la foulée de la décision de la justice, les ONG écologistes sont remontées au créneau mardi contre ce chantier. "Lorsque nous n'aurons plus d'eau, ce n'est pas le troisième aéroport qui va nous ne fournir", a déploré mardi le président de la chambre des ingénieurs de l'environnement d'Istanbul, Baran Bozoglu, "tout ceci est un massacre environnemental"
Doté de six pistes, la nouvelle infrastructure a pour ambition d'accueillir à terme 150 millions de passagers par an, ce qui en ferait le plus grand aéroport du monde, largement devant l'actuel numéro 1 Atlanta (plus de 90 millions de passagers en 2012). Le projet d'extension du nouvel aéroport international de Dubaï, ouvert en octobre, prévoit une capacité de 160 millions de passagers par an. La construction et l'exploitation pendant vingt-cinq de ce troisième aéroport d'Istanbul a été accordée en mai 2013, à l'issue d'un appel d'offres, à un consortium d'entreprises turques (Limak, Cengiz, Kolin, Ma-Pa et Kalyon) pour une somme record de plus de 30 milliards d'euros, taxes incluses. Il fait partie d'une série de projets pharaoniques décidés par le Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, ancien maire d'Istanbul, parmi lesquels un troisième pont sur le Bosphore, déjà en construction, et le percement d'un large canal reliant la mer Noire à la mer de Marmara pour détourner le trafic qui engorge le détroit. Ces projets ont alimenté la colère des manifestants lors de la fronde qui a visé en juin dernier Recep Tayyip Erdogan, aujourd'hui éclaboussé par un scandale de corruption sans précédent.

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