Du jamais vu depuis quinze ans : un nouveau terminal à conteneurs s'installe dans les emprises du Port autonome de Strasbourg. L'établissement public a procédé, le 29 juin, à l'inauguration de l'infrastructure sur son site de Lauterbourg, une cinquantaine de kilomètres au nord de sa zone principale strasbourgeoise. Le terminal vise à capter la clientèle des chargeurs et transporteurs du Nord de l'Alsace, un territoire riche en industries notamment exportatrices, qui devait jusqu'alors composer un itinéraire jusqu'à Strasbourg. "L'ouverture de ce nouveau site est le résultat d'une demande croissante : depuis 2004, le nombre de conteneurs manutentionnés à Strasbourg a quasiment triplé pour dépasser les 420.000 EVP en 2017 tous modes confondus", souligne la direction du Port autonome.
"Un emplacement stratégique, sur le corridor de fret européen le plus important, Rhin-Alpes"
Le projet a représenté un investissement de 14 millions d'euros, financé par le port, l'Union européenne, l'État, la région Grand Est et le conseil départemental du Bas-Rhin. D'une capacité de 80.000 EVP annuels sur une superficie initiale de 4 hectares, le terminal de Lauterbourg sera trimodal avec la volonté d'accorder une priorité égale aux modes : route, fluvial au bord du Rhin, mais aussi fer grâce aux 2 x 400 mètres de voies ferrées qui ont été aménagées pour se relier à la gare SNCF de Lauterbourg. Il est doté de deux reach stackers et de 24 prises reefer pour les conteneurs à température dirigée.
Rotterdam et Anvers en 35 heures sans écluse
Son portique est installé depuis novembre dernier. Construit par l'autrichien Kunz, il mesure 27 mètres de haut et pèse 437 tonnes. Il se signale par sa cadence de manutention jusqu'à 29 boîtes par heure pour un levage unitaire jusqu'à 40 tonnes et sa capacité à traiter les marchandises de deux bateaux simultanément. Il s'ajoute aux équipements déjà présents sur place : un portique colis lourds de capacité 200 tonnes bien adapté à la densité du tissu d'industries traditionnelles du secteur, une rampe ro-ro également pour les colis de grand gabarit, et un quai de manutention vrac.
Le terminal jouit d'un "emplacement stratégique, sur le corridor de fret européen le plus important, Rhin-Alpes", rappelle Catherine Trautmann, présidente du Port autonome de Strasbourg. Frontalier de l'Allemagne – des procédures ont pu être mises en place pour faciliter le passage de la frontière par le fret ferré – il atteint Rotterdam ou Anvers en 35 heures, sans devoir franchir une écluse. Il s'inscrit dans une zone industrielle et logistique en émergence de 48 hectares, "représentant une des dernières opportunités de développement foncier au bord du Rhin", appuie le Port autonome.
Le terminal est exploité par Rhine Europe Terminal, filiale du Port autonome, mais de façon "temporaire" : un appel d'offres sera lancé à l'automne pour trouver un partenaire exploitant privé.