
© COSTA CROISIÈRES
Que faire du «Costa Concordia» ? Les sociétés de démantèlement n'ont jamais eu affaire à un navire de croisière aussi lourd (114.500 tonnes), long comme trois terrains de foot (290 mètres) et haut comme un immeuble de 20 étages (61 mètres). Des représentants des sociétés Smit Salvage et Titan Salvage se trouvent déjà depuis plusieurs jours sur l'île où le «Costa Concordia» s'est échoué sur un flanc après avoir heurté un rocher : ils étudient avec soin l'épave tout en mettant en place des dispositifs pour éviter une marée noire avec des fuites de mazout.
"On répare les dégâts ou on le coupe en morceaux"
"Il s'agira d'une des opérations les plus difficiles au monde", estime Pier Luigi Foschi, PDG de la compagnie Costa, propriétaire du navire. Les travaux commenceront par la réparation du trou sur le flanc du bateau où l'impact a eu lieu et ensuite le bateau pourrait être remis à flot grâce à des ballons géants. D'autres hypothèses envisagées consistent à faire repartir le navire sans flotteurs ou encore à le découper en morceaux sur place.
"Ce sera un travail difficile", a déclaré Mike Lacey, secrétaire général de l'Union internationale de sauvetage, basée à Londres. "Évidemment, ce qu'ils vont regarder avant tout est si le bateau peut être redressé ou peut être réparé", a-t-il expliqué. Quoi qu'il en soit, la priorité immédiate est selon lui de pomper les 2.380 tonnes de carburant qui se trouvent dans les réservoirs, afin d'éviter une catastrophe environnementale. "Pomper le pétrole est la priorité immédiate", souligne-t-il.
Toute tentative de sauvetage n'interviendra pas avant plusieurs semaines si ce n'est plusieurs mois, mais les ingénieurs sont déjà à pied d’œuvre pour sauver le navire, deux fois plus lourd que le «Titanic» et deux fois plus long que «Herald of Free Enterprise». Le «Herald», qui avait coulé dans le port de Zeebrugge en 1987, avait été remis d'aplomb puis dépecé.
Le sauvetage peut durer 12 mois
Les sociétés de sauvetage se refusent pour le moment à tout commentaire sur les détails de leurs plans avant l'attribution du contrat. En tout état de cause, ce sauvetage coûtera très cher. "Cela coûtera énormément, des dizaines millions de dollars, peut-être plus d'une centaine", avance Mike Lacey. Et le sauvetage durera "un mois, peut-être douze", ajoute-t-il.
Pour Hans ven Rooij, ex-responsable de la société Smit qui travaille désormais comme consultant indépendant, deux principaux scénarios sont envisageables. "Ou bien on répare les dégâts, on colmate le trou dans le flanc du navire et on remet à flot le navire, ou alors on le coupe en morceaux", explique-t-il. La première solution est "la meilleure", mais pourrait être rendue difficile par la taille énorme du bateau, avance M. van Rooij, qui a pris part aux opérations de sauvetage du «Koursk» en 2000. "On pourrait aussi arriver à la conclusion que les dégâts sont trop importants et que le navire ne vaut pas la peine d'être réparé. L'épave serait alors acheminée dans un centre de dépeçage, en Turquie par exemple", estime-t-il. D'ailleurs, s'interroge-t-il, même si le «Concordia» pouvait être réparé, "qui voudrait encore naviguer à son bord ?"