Récolte de blé : la France pleure, le reste du monde rit

Les céréaliers français, premiers producteurs et exportateurs de blé en Europe, se préparent à une mauvaise récolte 2016 après les intempéries du printemps, alors que les greniers à blé de Russie, d'Ukraine et des États-Unis s'apprêtent à exploser avec des prévisions de récolte record.
Pour la première fois mardi 12 juillet, le gouvernement français a confirmé officiellement ce que les cabinets d'analystes indiquaient depuis une semaine : la récolte française de blé tendre - celui qui est utilisé pour les farines et le pain - devrait baisser de 10 % cette année, à 37 millions de tonnes.
Même si le ministère de l'Agriculture tempère en soulignant que la récolte retrouvera ainsi un niveau proche de la moyenne des cinq dernières années après un record en 2015, deux cabinets spécialisés ont, eux, fait part de leur pessimisme en affichant des prévisions encore plus basses que les estimations officielles.
Les cultures ont souffert d'un excès d'eau, du manque de luminosité et du phénomène de verse (lorsque les tiges de blé se retrouvent couchées sur le sol par les pluies). L'humidité "a favorisé la prolifération d'insectes, de maladies, de champignons et de ravageurs", explique le ministère. Les cultures situées dans la moitié Nord et dans l'Est de la France ont particulièrement souffert. Par rapport à la moyenne 2011-2015, les rendements devraient reculer le plus en Champagne-Ardenne (- 11 %), de 8 % en Île-de-France et de 7 % dans le Centre. Les autres grandes cultures devraient suivre à la baisse, à l'exception du blé dur, cultivé pour la fabrication de pâtes et semoules, qui se maintiendrait à 1,8 million de tonnes. La récolte d'orge diminuerait de 10 % à 11,7 millions de tonnes et celle de colza de 9 % à 4,8 millions de tonnes.
Ces chiffres contrastent fortement avec le reste du monde, et les prévisions faites mardi 12 juillet par le ministère américain de l'Agriculture (USDA) qui a revu à la hausse ses estimations de production mondiale de blé, grâce aux bonnes récoltes attendues en Russie et Ukraine notamment. "La production mondiale totale est désormais prévue au niveau record de 738,5 millions de tonnes", annonce l'USDA dans son rapport mensuel sur l'offre mondiale de produits agricoles, publié au moment où les moissons de blé démarrent dans l'hémisphère Nord.

Niveau "record" aux États-Unis

La moisson mondiale battrait donc son record de l'an dernier, qui avait dépassé les 734 millions de tonnes. Le gouvernement américain a revu en hausse ses prévisions de récolte pour la Russie et l'Ukraine, parmi les premiers producteurs mondiaux, "en raison d'une météo favorable". Même chose aux États-Unis, où les rendements devraient eux aussi atteindre un niveau "record". Les perspectives sont aussi plus optimistes en Argentine, en Australie et au Canada.
Comble de malchance, même l'Allemagne, voisine de la France et deuxième producteur céréalier de l'UE, a publié de bonnes prévisions pour l'année, même si légèrement inférieures à celles de l'an dernier. Selon les estimations de la fédération agricole DBV, la récolte totale allemande de céréales devrait être comprise entre 47 et 48 millions de tonnes cette année, moins que les 48,9 millions de tonnes de 2015, mais plus que la moyenne des cinq dernières années (47,2 Mt).
Outre la quantité, la qualité du blé pourrait aussi avoir souffert des pluies, un gros risque commercial pour la France, qui exporte la moitié de sa récolte, en particulier vers l'Afrique du Nord. Les grands acheteurs mondiaux que sont l'Algérie et l'Égypte se montrent souvent très exigeants sur ce point.

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