Regain d'intérêt pour les terminaux méthaniers en Europe

Réputés surdimensionnés, les terminaux français d’importation maritime de GNL ont prouvé toute leur utilité cette année pour suppléer les importations de gaz russe par gazoduc. Renforcés dans l’urgence par des SFRU à travers toute l’Europe, ils doivent continuer à jouer leur rôle dans l’importation de gaz, le soutage de biogaz pour les navires GNL ou encore le stockage de carbone.
L’année 2022 est exceptionnelle pour l’activité des terminaux méthaniers français. La conférence organisée le 24 novembre par France gaz maritime et l’Association française du gaz et a été l’occasion de faire le point sur l’utilisation accrue de ces points d’importation de GNL.

Elengy, filiale de GRTgaz qui exploite trois des quatre terminaux méthaniers français, a accueilli 330 navires sur les deux terminaux de Fos (Cavaou et Tonkin) et celui de Montoir-de-Bretagne. Soit une activité en hausse de 70 % par rapport à 2021.

De surdimensionnés à sous-capacitaires

Le quatrième terminal, celui de Dunkerque, est le plus grand et le plus récent. Depuis sa mise en service en 2017, il n’était utilisé qu’à 30 ou 40 % de sa capacité.

Depuis le début de l’année, il l’est à 100 %. Fin décembre, il aura accueilli plus de 140 navires, soit un toutes les 51 heures en moyenne, et déchargé 13 milliards de mètres cubes de gaz selon le président de Dunkerque LNG, Olivier Heurtin, qui souligne le défi que représente la maintenance d’un terminal qui fonctionne à plein régime : "Nous nous sommes coordonnés avec nos clients pour optimiser le planning de façon à ne pas perdre la moindre minute et avec les autres terminaux pour ne pas fermer en même temps".

Les deux exploitants de terminaux plaident pour une augmentation des capacités d’importation, des espaces existant pour cela à proximité de leurs installations. "Nous devons mettre en avant l’intérêt de l’importation du GNL par voie maritime, déclare Nelly Nicoli, directrice générale d’Elengy. Nos installations étaient considérées comme surdimensionnées, on a vu qu’il s’agissait d’une assurance."

Cette solution de secours face à la baisse des arrivées de gaz russe par voie terrestre a joué à plein. L’avenir des terminaux GNL est-il assuré pour autant ? "La question est maintenant celle de l’avenir à long terme du GNL, car le marché reste prudent dans la perspective de la sortie du carbone", précise Olivier Heurtin.

Les terminaux méthanier pourraient être utilisés à l’avenir pour la liquéfaction de biogaz, devenant des points de sortie du gaz pour avitailler les navires en bioGNL produit en France. "Nos installations pourraient aussi trouver une nouvelle utilisation pour le transport du CO2 capturé en France, dont le stockage se ferait en mer du Nord ou en Méditerranée", indique Nelly Nicoli, qui promeut ainsi le redimensionnement à la hausse des terminaux GNL.

Retour de l’Europe sur la scène GNL

L’unité flottante de stockage et regazéification (SFRU) prévue par Total au Havre traitera, à partir de l’été prochain, 5 milliards de mètres cubes par an. Elle n’a été autorisée que pour cinq ans. À l’échelle européenne, les 40 milliards de mètres cubes de nouvelles capacités prévues en 2023 sont presque toutes flottantes, souligne Vincent Demoury, délégué général du Groupement international des importateurs de gaz naturel liquéfié (GIIGNL).

"L’investissement dans ces unités est moins cher que pour un terminal à terre, mais à long terme l’exploitation est moins rentable, explique-t-il. Les capacités de stockage des SFRU étant limitées, des méthaniers vieillissants pourraient être utilisés comme stockage flottant."

En 2021, le GNL représentait 19 % de la consommation et 31 % des importations de gaz en Europe. Depuis début 2022, l’Union européenne a importé 38 Mt supplémentaire par rapport à 2021, alors que la production mondiale n’a augmenté que de 16 Mt. Les importations européennes se font donc au détriment d’autres destination, notamment la Chine qui en a importé 14 Mt de moins.

"Nous assistons au retour de l’Europe sur la scène mondiale du GNL, en concurrence croissante avec l’Asie sur un marché qui restera tendu pour les deux prochaines années au moins", pronostique Vincent Demoury, qui rappelle que l’entrée en production des nouveaux projets au Qatar et en Amérique du Nord n’est attendue qu’en 2024 au plus tôt.

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