Rendez-vous de l’assurance transports : la filière française prend le risque de…

Risque cyber, blockchain, assurance des risques de demain… ont aiguillé les deux jours d’échanges du Rendez-vous de l’assurance transports, grand-messe annuelle de la filière à laquelle se pressent quelque 600 participants chaque année. Et un moment-clé pour établir le bulletin de santé de la "place française" qui dévisse depuis quelques années.
Les temps changent. Le Cesam (Comité d’études et de services des assureurs maritimes et transports), groupement d’intérêt économique fédérant 90 % du marché de l’assurance transports*, a habitué depuis quelques années ses invités aux questionnements géopolitiques : Brexit, Afrique, globalisation… L’édition qui s’est tenue les 26 et 27 juin à la Maison de la chimie à Paris a paramétré toutes ses tables rondes sur les nouveaux risques engendrés par les technologies. Non sans raison (cf. plus bas).
"Ces sujets sont le reflet des préoccupations du moment des sociétés françaises de l’assurance transports. De tous temps, les assureurs se sont adaptés à l’émergence de nouveaux risques. La raison d’être d’un assureur est de ne pas être trop en avance avec des garanties dont personne n’a besoin, ni trop en retard à ne pas donner les garanties dont les clients ont besoin", justifie Patrice Gilbert, directeur général du Cesam.

Comment se porte l’assurance maritime ?

Le grand rendez-vous de la filière est aussi attendu parce qu’il donne lieu à la présentation par la Fédération française des sociétés d’assurance (FFA) des données qui consolident l’ensemble des contrats par toutes les compagnies d’assurance opérant dans les domaines du transport maritime, arien et spatial.
"Toutes polices confondues, les cotisations se sont élevées à 2 milliards d'euros en 2017, dont 1,552 md EUR pour le maritime (618,8 M EUR pour les corps de navires, à - 2,8 %, et 933,3 M EUR pour les marchandises, à + 1,7 %). Le marché est en légère diminution de 4 à 5 %, mais pour l’essentiel liée aux effets de change, de nombreuses affaires étant souscrites en dollars". Pour Christophe Graber, président du Comité maritime et transport de la FFA, la "place de Paris" se situe au septième rang mondial, représentant peu ou prou quelque 5 % des encaissements mondiaux (autour de 23 md EUR). Elle occupait la cinquième place il y a encore quelques années, derrière la Grande-Bretagne, la Scandinavie, le Japon et l’Allemagne.
Depuis quelques années, la filière française décroche en effet. Pour les compagnies, l’équation n’est pas simple, contrainte de jongler entre les tensions sur les primes (au plancher depuis 2012) en raison de la surcapacité de l’offre du marché de l’assurance (avec de nouveaux venus sur le marché) couplée à la baisse d’activité du transport maritime et de la valeur des matières premières transportées.
"Le marché de l’assurance subit aussi une baisse des primes car les risques sont de meilleure qualité du fait d’une amélioration continue de la sécurité et c’est encore plus vrai dans le marché aérien", complète Christophe Graber, par ailleurs directeur général de la Réunion aérienne et de la Réunion spatiale (un des gros "faiseurs" du marché de l’assurance aérienne et spatiale qui intervient pour le compte de Generali, Covéa et Scor UK). Et de citer le rajeunissement de la flotte, une meilleure formation des équipages ou de gestion du risque.

Axa et XL, la méga-fusion

Cette situation explique aussi les grands mouvements de consolidation observés ces dernières années au sein du secteur (dont celle en cours approuvée par les actionnaires, Axa qui met la main sur le groupe des Bermudes XL, une opération de 15,3 md USD).
Le marché français, qui comptabilisait une petite cinquantaine d’acteurs dans les années 90, compte aujourd’hui une quinzaine d'assureurs et 18 courtiers. La situation n’a pour autant pas entraîné de réduction de capacités alors que les résultats techniques, les évolutions réglementaires (Solvabilité II), l’asséchement du financement bancaire (passé de 83 % du total en 2010 à moins de 60 % en 2017, selon l’International Union of Marine Insurance) auraient pu engendrer un désengagement.

2017, meilleur mais…

En 2016, les assurances Corps (navires) avaient déjà dévissé de 11,5 % tandis que le segment plus rentable de l’assurance "Facultés" (marchandises transportées) avait limité la casse, à - 1,6 %. 2017 aura donc été encore une année de pertes, en lien notamment avec les ouragans Harvey, Irma et Maria qui à lui seul est responsable de 27,1 md EUR. L’IUMI établit à 33 le nombre de catastrophes maritimes en 2017 contre 36 en 2016 (dommages assurés à 23,3 md USD).
D’ailleurs, pour la première fois depuis 15 ans, les Lloyd’s britanniques, leader mondial du secteur, ont affiché pour la seule assurance maritime une perte de 469 M£ (534,3 M EUR). L’encaissement mondial (27,5 md USD) ne s’était pas mieux porté (- 10 % en 2017, corps et facultés confondus, constatés par l’IUMI après - 9 % en 2016).

2018, mieux ?

Pour les représentants de la place française, "les indicateurs macroéconomiques globaux sont bons". Les professionnels s’appuient notamment sur les données de la Banque mondiale, qui table sur une croissance de 3,1 % en 2018 et sur celles de l’OMC établies en mai 2018 : la croissance du transport de marchandises devrait se fixer autour de 4,4 % (après + 4,7 % en 2017). Mais avec des risques d’escalade en lien avec les tensions commerciales.

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