
Marc Lachaize, responsable logistique et transport de Velux, Jean-Baptiste Courcelle, directeur achats transport, logistique et packaging chez Faurecia, et Xavier Villetard, consultant à BP2R © Érick Demangeon
Perceptible depuis l’été 2017, la tension entre une offre contrainte par le manque de conducteurs et une demande alimentée par la croissance économique se confirme dans le transport routier. Selon une enquête auprès de 239 industriels et distributeurs présentée par l’AUTF et le cabinet BP2R le 20 mars à la SITL (Semaine internationale du transport et de la logistique, deux tiers des chargeurs jugent le marché "sous-capacitaire". En France comme à l’international, tous les segments étudiés sont concernés : marchandises diverses et frigorifiques en complet, groupage et messagerie, vracs solides et liquides.
Sans signe de résorption à court et moyen terme, ce déséquilibre s’accompagne "d’une dégradation de la qualité de service". À partir des reports et annulations de missions, elle aurait chuté de cinq points en 2017 pour s’établir à 94 % contre 99 % en temps normal. "Le service des transporteurs est considéré de meilleure qualité par rapport à celui fourni par les commissionnaires", note Christian Rose, directeur des relations adhérents et institutionnelles de l’AUTF.
Comment prévenir l’envolée des tarifs ?
Après une décennie de surcapacité, cette tension est encore contenue au plan tarifaire avec, selon les chargeurs sondés, une hausse moyenne de 2 % pour 2018. Si cette augmentation semble modeste, elle tranche toutefois avec le gel et les baisses observés ces dernières années hors carburant. Face au risque d’une revalorisation plus forte à court terme et pour fidéliser leurs transporteurs, les chargeurs adaptent leur comportement d’achat, selon l’enquête.
Sans signe de résorption à court et moyen terme, ce déséquilibre s’accompagne "d’une dégradation de la qualité de service". À partir des reports et annulations de missions, elle aurait chuté de cinq points en 2017 pour s’établir à 94 % contre 99 % en temps normal. "Le service des transporteurs est considéré de meilleure qualité par rapport à celui fourni par les commissionnaires", note Christian Rose, directeur des relations adhérents et institutionnelles de l’AUTF.
Comment prévenir l’envolée des tarifs ?
Après une décennie de surcapacité, cette tension est encore contenue au plan tarifaire avec, selon les chargeurs sondés, une hausse moyenne de 2 % pour 2018. Si cette augmentation semble modeste, elle tranche toutefois avec le gel et les baisses observés ces dernières années hors carburant. Face au risque d’une revalorisation plus forte à court terme et pour fidéliser leurs transporteurs, les chargeurs adaptent leur comportement d’achat, selon l’enquête.
"Des tarifs réorientés à la hausse dans le transport routier"
Aux appels d’offres annuels d’hier, 71 % aujourd’hui "plébiscitent des relations durables". Rupture avec le passé, "un tiers a engagé une démarche d’augmentation du nombre de leurs prestataires", relève Xavier Villetard de BP2R. Optimisation des ressources, meilleure régularité, révision des plans de transport et recours au multimodal sont également cités.
Réinvestir dans des relations durables
Velux et Faurecia témoignent de comportements qui pourraient inspirer d’autres chargeurs. Déclarant un budget transport de 120 millions d’euros à l’échelle de l’Europe, l’équipementier automobile Faurecia s’appuie depuis dix ans sur un pool de dix prestataires, cinq transporteurs et cinq commissionnaires. Au prix parfois d’amplitude plus grande et d’équipes d’expédition renforcées, "nous nous engageons à respecter des créneaux d’enlèvement fixes pour limiter leurs temps d’attente", explique Jean-Baptiste Courcelle, directeur achats transport, logistique et packaging. Également contractualisés, les délais d’acheminement intègrent les horaires et la densité de circulation. Cette démarche inclut une sensibilisation des fonctions commerciales aux enjeux du transport pour en tenir compte lors de leurs négociations. "Nous sommes dans une logique de respect mutuel, et nos contrats de transport sont à durée indéterminée. Des appels d’offres sont lancés en cas de baisse de la qualité de service ou de changement dans nos flux". Sur ce schéma suivi à l’aide de réunions mensuelles, Faurecia souligne que sa croissance de l’ordre de 10 % par an profite à ses prestataires.
Préférence aux capacités propres
Chez Velux, "nous nous engageons auprès de nos clients sur une qualité de service de 98 %", insiste Marc Lachaize, responsable logistique et transport. Pour atteindre cette performance, "un système de bonus-malus" y a été déployé, couplé à une ou deux réunions de suivi mensuelles, "voire hebdomadaires en cas de problème". Déclarant un budget transport de 7 millions d’euros en France, Velux a revu sa politique d’achat en 2013. "Nous travaillons depuis avec quatre PME locales plus à l’écoute de nos besoins". Pour absorber les pics saisonniers ou promotionnels, "nous anticipons avec nos transporteurs les plans de transport, et mettons à leur disposition un budget sous-traitance".
Si Velux comme Faurecia mènent aussi des actions d’optimisation, ils rencontrent en revanche des difficultés à mettre en œuvre des mutualisations avec d’autres chargeurs ou filiales et des solutions multimodales… tandis qu’une réinternalisation, même partielle, est exclue.