
© Port of Los Angeles
Taxer les émissions de CO2 des navires de commerce pour aider financièrement les plus pauvres à faire face au changement climatique est une idée qui fait son chemin. "Un seul navire peut émettre plus de CO2 en une année que plusieurs petits pays insulaires réunis", affirme l'ONG Oxfam, qui se félicite qu'un tel mécanisme ait été discutées au cours des négociations climatiques à Durban.
«La flotte marchande rejette plus de Co2 que l'Allemagne»
Les plus de 190 pays négociant sous l'égide de l'ONU ont acté en 2010 la création d'un Fonds vert visant à acheminer vers les pays en développement des financements pour les aider à faire face au changement climatique. L'objectif est de faire transiter 100 milliards de dollars par an à partir de 2020.
Or, les principales sources identifiées depuis des années reposent sur une éventuelle taxation des transactions financières ou des émissions du transport aérien et maritime, gros émetteurs de CO2. "La taxation sur les émissions du secteur maritime est la plus prometteuse à ce stade. À Durban, ce secteur apparaît comme celui sur lequel les négociateurs peuvent progresser dès maintenant", estime Tim Gore, spécialiste d'Oxfam. La flotte marchande mondiale, constituée de quelque 100.000 navires, représente près de 3 % des émissions de gaz à effet de serre, selon les chiffres de l'Organisation maritime internationale (OMI). S'il était un pays, ce secteur se placerait au septième rang mondial, devant l'Allemagne.
Le secteur d'accord sur le principe
La Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), dans une note élaborée en septembre, avait indiqué qu'une taxe de 25 dollars par tonne de CO2 sur les secteurs aérien maritime pourrait générer 250 milliards de dollars en 2020 et permettre de réduire leurs émissions de 5 à 10 %.
Dans le secteur maritime, une telle taxe n'augmenterait le coût du transport que de 0,2 % et générerait 25 milliards de dollars en 2020, selon Oxfam. Certains évoquent l'idée qu'une partie de cette somme pourrait être reversée directement aux pays en développement pour compenser l'impact sur leurs économies de cette taxe, qui provoquera une hausse du prix des importations. Il pourrait ainsi en résulter quelque 10 milliards de dollars par an pour alimenter le Fonds vert à destination des pays en développement.
Un tel système ne pourrait être mis en place que dans le cadre de l'OMI, mais plusieurs pays, européens en tête, plaidaient pour qu'une impulsion soit donnée à Durban lors de la conférence sur le climat. Sans attendre les conclusions de Durban, le secteur s'est dit la semaine dernière prêt à accepter une telle taxation. "Si les gouvernements décident que le transport maritime doit contribuer au Fonds vert, le secteur peut probablement soutenir cela en principe, à partir du moment où les modalités sont agréées au sein de l'OMI", avait souligné Peter Hinchliffe, secrétaire général de la Chambre internationale du shipping (ICS), qui représente 80 % de la flotte marchande de commerce mondiale.