Total : les raffineries françaises fixées sur leur sort jeudi 16 avril

Le groupe Total officialisera jeudi 16 avril la restructuration de son activité de raffinage en France, confrontée à une érosion de ses marges : le site de La Mède devrait notamment être reconverti, mais le géant pétrolier promet qu'il n'y aura pas de licenciements.
Total a confirmé lundi 13 avril avoir convoqué jeudi 16 avril un comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire de sa branche raffinage-chimie. La réunion portera sur "les perspectives du raffinage en France" et devrait, selon les syndicats, être centrée sur le sort des sites de Donges (Loire-Atlantique) et La Mède (Bouches-du-Rhône). Total, qui exploite cinq sites de raffinage en France, lesquels emploient près de 3.900 personnes, préparait le terrain depuis plusieurs mois à des annonces "au printemps" concernant la restructuration de certains sites.
L'ensemble du secteur européen du raffinage souffre depuis plusieurs années de surcapacités, dans un contexte de stagnation de la consommation de carburant. Selon l'Union française des industries pétrolières (Ufip), le taux d'utilisation des raffineries de l'Union européenne est ainsi tombé à 79 % en 2013, contre 89 % en 2005. En France, cette activité souffre aussi d'une structure de production structurellement inadaptée à la demande : les raffineries produisent trop d'essence et pas assez de gasoil, alors que ce carburant bénéficie d'une fiscalité avantageuse et représente plus de 80 % des volumes écoulés dans les stations-service du pays. Conséquence : depuis 2009, le nombre de raffineries dans le pays est passé de douze à huit.

La Mède et Donges déficitaires

Chez Total, deux des cinq sites sont déficitaires : La Mède et Donges. Pour le premier, "on évoque une reconversion industrielle, fort probablement dans les biocarburants, avec des suppressions d'emplois", a déclaré François Pelegrina, coordinateur CFDT. Quant à Donges, selon "Les Échos", Total devrait annoncer un investissement destiné à rétablir la rentabilité de la raffinerie, pour la pérenniser.
Fin mars, le directeur général, Patrick Pouyanné, avait reconnu que ces deux sites étaient "effectivement deux des plus sensibles". "Lorsque, sur un site (La Mède, NDLR), vous perdez 150 millions d'euros par an depuis quatre ans, ce n'est pas durable", avait-il souligné. Total a toutefois toujours affirmé qu'il n'y aurait aucune fermeture de site ni de licenciement. Mais les syndicats s'inquiètent du nombre de postes qui seront supprimés et des conditions de reclassement.
À La Mède, où travaillent actuellement 430 personnes, "on peut produire du carburant bio avec beaucoup moins d'unités que ce qu'on a", donc des "fermetures d'unités" seront vraisemblablement annoncées, ce qui pourrait conduire à "pas mal de pertes d'emplois", craint Bruno Casano, délégué FO de la raffinerie. Le délégué s'attend à ce que la direction "donne jeudi 16 avril exactement le nombre de personnes qu'ils comptent garder à la plateforme de La Mède et exactement le nombre de personnes qu'ils vont reclasser". "On ne validera aucune suppression d'emploi et on sera très vigilants à ce que le projet offre des perspectives de développement", affirme de son côté François Pelegrina.
La CFDT plaide pour "une plateforme de développement durable" associant le raffinage des huiles végétales pour produire des biocarburants et l'installation d'une centrale solaire développée par la filiale Total Sunpower. FO demande pour sa part que "les reclassements d'ouvriers, employés, techniciens et agents de maîtrise soient faits dans le bassin local" et notamment à la plateforme pétrochimique de Lavéra, à Martigues (Bouches-du-Rhône), gérée par Naphtachimie (coentreprise du britannique Ineos et de Total Petrochemicals France, TPF). Dans un courrier adressé aux syndicats, daté du 3 avril, le directeur général de la branche raffinage-chimie de Total, Philippe Sauquet, promet qu'il n'y aura "pas de mobilité géographique contrainte" pour les salariés non cadres de La Mède.
Du côté de Donges, "Total a toujours dit qu'il était prêt à investir de l'argent" mais "la balle est plutôt du côté des politiques, État et collectivités locales" pour lever le problème de la voie ferrée Nantes-Le Croisic qui traverse le site, estime François Pelegrina. Le groupe pétrolier pose en effet comme condition pour pérenniser le site le détournement de cette voie SNCF qui le traverse. Le comité de pilotage de ce projet de contournement s'est réuni jeudi 9 avril à la préfecture de Nantes, avec des représentants des collectivités territoriales, de Total et de la SNCF. "Les partenaires de l’opération s’accordent sur la nécessité de réaliser l'opération", a indiqué la préfecture de Loire-Atlantique, précisant que la concertation serait lancée une fois les annonces de Total faites. "L'objectif est de conclure les discussions financières entre la société Total, l’État et les collectivités locales d’ici novembre 2015", selon la préfecture.

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