Traité de protection de la haute mer : les négociateurs ont manqué de temps

La quatrième session de négociations devait être la dernière aux Nations Unies pour s'entendre sur un traité de protection de la haute mer. Mais après une interruption de deux ans liée au Covid, malgré des avancées, les délégations ont manqué de temps pour finaliser un texte.
Malgré les "progrès", "nous n'avons pas terminé notre travail", a déclaré la présidente de la conférence internationale sur la biodiversité marine, Rena Lee, le 18 mars 2022, à l'issue de deux semaines de négociations à New York pour s’entendre sur un traité de protection de la haute mer.

"Je pense qu'en poursuivant notre engagement et notre détermination, nous serons capables de [...] combler les écarts qui demeurent", a-t-elle ajouté, notant que l'assemblée générale de l'ONU devrait désormais donner mandat pour une cinquième session.

"Tous les efforts doivent être consacrés dans les mois à venir pour obtenir ce traité tant attendu en 2022", a plaidé Peggy Kalas, directrice de l'Alliance pour la haute mer, collectif d'ONG qui a un siège d'observateur à ces négociations.

Cet objectif, rappelle-t-elle dans un communiqué, a été "exprimé par de nombreux gouvernements qui se sont engagés dans la Coalition de la haute ambition", soit les 27 États membres de l'Union européenne et 13 autres pays.

Moins de 1 % de la haute mer et des fonds marins sont protégés actuellement, selon l'Alliance pour la haute mer. Or, les océans abritent une foisonnante biodiversité et participent à amortir le changement climatique en absorbant une large part des émissions de CO2, un rôle menacé par ce même réchauffement. Ce traité sur la haute mer est négocié formellement sous l'égide de l'ONU depuis 2018, mais les discussions ont été freinées par la pandémie.

"Revenir après deux ans, cela a créé des retards", constate Liz Karan, de l'ONG Pew Charitable Trusts. "Il y a un sentiment, pas seulement avec les ONG, mais aussi, je pense, les délégations, que de bons progrès ont été faits, mais aussi de frustration dans l'avancée".

"Ce traité est l'occasion de créer ces zones protégées qui permettront de créer des refuges climatiques, ou des zones de résilience climatique pour les espèces et la vie marine dans un océan en mutation", rappelle-t-elle.

Protéger 30 % des océans d'ici 2030

Quelques jours avant le début de la session, le rapport des experts climat de l'ONU (Giec) sur les impacts du changement climatique soulignait que les vagues de chaleur se multipliaient dans les océans, dont l'acidification affecte la vie marine.

Will McCallum, de Greenpeace, a mis en garde sur un calendrier qui irait au-delà de 2022. "Nous ne sommes pas déçus qu'il y ait une cinquième session, parce que la pandémie l'a rendue quelque peu inévitable, mais s'il n'est pas conclu en 2022, la probabilité que ce soit un traité solide est presque nulle", a-t-il assuré. Une lenteur dans la progression qui met en péril l'objectif de protéger 30 % des océans d'ici 2030, insiste-t-il.

Le traité porte sur la haute mer, qui commence où s'arrêtent les zones économiques exclusives (ZEE) des États, à maximum 200 milles nautiques (370 km) des côtes, et qui n'est donc sous la juridiction d'aucun État. Même si elle représente plus de 60 % des océans et près de la moitié de la planète, la haute mer a longtemps été ignorée, au profit des zones côtières et de quelques espèces emblématiques.

Dans le futur traité, la question est abordée sous différents angles : la création d'aires marines protégées, les ressources génétiques marines et le partage de leurs avantages, la réalisation d'études d'impact environnemental, ainsi que le renforcement des capacités et les transferts de technologies, notamment vers les pays en développement.

"Ce que nous avons réclamé tout au long de cette procédure, c'est la création d'un organe décisionnel qui ait réellement du mordant, qui puisse de fait créer des aires marines protégées et qui crée une norme mondiale minimum pour les nouvelles industries ou les nouveaux projets industriels par le biais du cadre d'évaluation de l'impact environnemental dont il est question ici", rappelle Will McCallum.

"On observe encore des perspectives assez nationales ou régionales, sur ce qui doit sortir dans ce traité, plutôt que de penser à l'intérêt commun et à une vision globale", a-t-il regretté.

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