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De récentes décisions font grandement avancer le dossier de la liaison Lyon-Turin. Après l'annonce faite en novembre par le gouvernement français de lancer l’enquête d’utilité publique pour les accès au mois de janvier 2012, la France et l'Italie viennent de signer un accord de financement de la première phase du tunnel Lyon-Turin.
"Ouvrage économique, technique, politique et d’intégration européenne"
La future liaison Lyon-Turin est au cœur du corridor méditerranéen reliant Seville-Algésiras via Madrid-Valence-Barcelone à Milan-Venise-Ljubijana et Budapest, soit dix des grandes agglomérations européennes. À ce titre, elle constitue l’une des priorités de la politique européenne d’infrastructures dont le réseau central doit être en service pour 2030 au plus tard. «Cet objectif est largement atteignable pour ce qui concerne le nouveau tunnel franco-italien de la liaison Lyon-Turin car, avec un démarrage des travaux fin 2013, il pourrait être mis en service dès 2023-2025», observe le Comité pour la Transalpine. «On sent une volonté d’avancer du côté des États qui est tendue par les aspects financiers mais tout ne prend sens qu’avec le tunnel», relève Marc Lavedrine, délégué général du comité.
Dans le cadre des corridors essentiels
La Commission européenne a adopté un plan de 50 milliards d’euros sur sept ans (2014-2020) destiné à financer les infrastructures d’interconnexion au sein de l’Europe dont 31,7 milliards d’euros réservés aux infrastructures de transport. Le Lyon-Turin répond aux trois caractéristiques pour entrer dans le cadre des corridors essentiels : il est sur le réseau central, il a un goulet d’étranglement, les Alpes, et un passage transfrontalier.
Les dispositions prises, 40 % proposés pour les maillons transfrontaliers et jusqu’à 20 % pour les itinéraires d’accès, permettront la réalisation des ouvrages. «Pour le tunnel de 57 km entre Saint-Jean-de-Maurienne et Suse, un financement européen de 40 % correspondrait à un apport de plus de 3 milliards. Il ramènerait la part des États français et italien respectivement à un peu plus de 2 milliards et un peu moins de 3 milliards d'euros répartis sur la durée de percement du tunnel», explique M. Lavedrine.
Ces propositions de la Commission européenne doivent maintenant être approuvées par les États, au sein du Conseil de l’UE et par le Parlement européen.
En parallèle, il est essentiel que la France et l’Italie finalisent l’avenant définitif au Traité de Turin en cours de négociation pour lancer la réalisation du tunnel de base. Il est tout aussi essentiel que cet avenant soit signé à la fin de cette année 2011 pour être prêt à démarrer les travaux fin 2013 et mobiliser ces nouveaux financements européens sur la période 2014-2020. Le texte est prêt. Et chacun espère que le récent changement de gouvernement en Italie ne va pas bousculer fâcheusement le calendrier.
Ouvrage technique, économique, politique, cette liaison constitue un investissement d’intégration européenne. Ce chantier constituera un véritable relais de croissance avec la création de 6.000 à 10.000 emplois par an sur toute la durée des travaux. «Comment peut-on imaginer un avenir industriel si les infrastructures ne sont pas au rendez-vous», lance encore Marc Lavedrine.