
© Solar Impulse
Même si l'avion solaire expérimental Solar Impulse n'est pas destiné à une application commerciale - il faut 64 mètres d'ailes de panneaux photovoltaïques pour transporter une personne - sa seule présence pose la question de la possibilité de réaliser un jour un appareil écologiquement compatible. Les constructeurs eux ne semblent pas en douter. EADS, le grand groupe aéronautique européen, a dévoilé le Zehst, "Zero Emission High Speed Transport", un avion hypersonique capable de relier Paris à Tokyo en 2 h 30 sans polluer en passant par la stratosphère avec des moteurs de type fusée. Un projet digne de la science-fiction qui pourrait voir le jour en 2050 selon EADS. Mais d'ici-là, que faire ?
"La pollution sonore a baissé de 20 décibels en trente ans"
Il faut améliorer les moteurs et réduire le poids des avions afin qu'ils consomment moins de kérosène, il est aussi nécessaire de parfaire l'aérodynamique et de développer les biocarburants, énumère Jacques Gatard, directeur aéronautique de l'Onera, le centre français de la recherche aérospatiale. Le secteur doit aussi plancher sur la qualité de l'air autour des aéroports, mieux recycler les appareils et surtout réduire la pollution sonore car un avion est "vert" si son environnement l'est aussi, ajoute Jacques Gatard. Sur le bruit, les constructeurs ont déjà fait d'énormes progrès : "La pollution sonore émise par les avions a baissé de 20 décibels en trente ans", selon le spécialiste, qui cite notamment l'A380, le plus gros avion du marché. Concernant le moteur et le poids, les constructeurs y travaillent. Boeing et Airbus ont lancé des avions en partie fabriqués à partir de matériaux composites plus légers comme l'A350 ou le 787 dit "Dreamliner". L'avionneur européen a aussi doté de nouveaux moteurs son moyen-courrier, qui permet d'économiser près de 15 % de kérosène par vol. Des produits qui séduisent les compagnies aériennes : l'A320 Neo est l'avion qui se vend le mieux. "Dans le secteur aérien, si vous voulez faire de l'argent, vous devez consommer le moins possible" de carburant, a expliqué Temel Kotil, PDG de Turkish Airlines.
Des ruptures technologiques
La compétitivité des compagnies aériennes et l'environnement sont donc compatibles. Pour ces mêmes raisons, et parce que le pétrole se raréfie, le secteur songe aux biocarburants. La Commission européenne, Airbus, des grandes compagnies aériennes européennes dont Air France-KLM, et des producteurs de biocarburants ont ainsi uni leurs forces pour réussir à produire 2 millions de tonnes de biocarburant pour l'aviation d'ici 2020. Néanmoins, 2 millions de tonnes représentent seulement 3 % de la consommation totale de kérosène par an, selon l'Onera. "Les technologies arrivent à leurs limites et il faut des ruptures technologiques" pour parvenir à l'avion "vert", a souligné Jacques Gatard. "Ce qui est certain c'est que, pour l'instant, la recherche reste sur des petits modèles. L'application pour des gros porteurs ne sera possible que beaucoup plus tard", reconnaît Jean Botti, directeur général délégué "technologie et innovation" chez EADS.