Il y a un an, les exportateurs de grains de l’axe Seine faisaient grise mine. À l’image de la couleur des silos portuaires, le ciel du Grand Ouest s’était montré régulièrement gris et la qualité des céréales récoltées ne répondait pas aux exigences des marchés traditionnels du port normand. Trop de blé fourrager, pas assez de blé meunier. Un an plus tard, ils se frotteraient presque les mains. Les tonnages exportés sont en progression de 2,4 % par rapport à la campagne précédente et de 14 % par rapport à celle de 2012-2013, pourtant jugées très correctes par les dirigeants portuaires. Comment expliquer un tel miracle ? «Par l’adaptation rapide à cette situation de la part des organismes stockeurs, des exportateurs et des opérateurs de silos et, parallèlement, par la baisse des taux de frets maritimes conjuguée à celle du cours de l’euro», commente Nicolas Occis, président du directoire du GPMR et du GIE Haropa Ports de Paris Seine Normandie.
"Rouen conforte son positionnement de hub céréalier majeur"
Deux caractéristiques inédites sont à souligner pour l’exercice clos à la fin du mois de juin. D’une part, la forte progression des sorties d’orge, brassicole et fourragère, qui ont atteint 1,88 million de tonnes, dont 80 % à destination de la Chine. D’autre part, aux clients habituels (Algérie, Maroc, Tunisie, Égypte et Espagne) se sont ajoutés de nouveaux débouchés pour le blé de qualité fourragère comme l’Asie du Sud-Est (Philippines, Bangladesh, Thaïlande et Corée du Sud) ou encore le Mexique et les États-Unis.
Un record de 69 vraquiers
Dans le même temps, le port de Rouen, leader en Europe pour les exportations de céréales, a enregistré un autre record avec l’accueil de 69 vraquiers de taille panamax et overpanamax. «Ce qui prouve la capacité des silos à traiter ce type de navires et conforte Rouen dans son programme d’amélioration du tirant d’eau. Cette campagne atypique et compliquée prépare l’avenir du port avec la poursuite des travaux d’amélioration du chenal d’accès», souligne Nicolas Occis.
Dans cette même dynamique, les opérateurs portuaires spécialisés multiplient les investissements ces derniers mois : création d’un nouveau silo pour le groupe Beuzelin livrable en 2016, aménagement d’installations de déchargement fluvial chez Socomac et Senalia, nouvel outil de chargement maritime chez Simarex, système d’abattage de poussières et nouveau réseau d’assainissement chez Lecureur. On pourrait ajouter, dans la logique de solution globale proposée par Haropa, le développement des connexions fluviales avec les terminaux de Ports de Paris, Limay et Bonnières notamment, qu’il s’agisse de vracs pour les silos rouennais ou de conteneurs vers Port 2000.
Au total, Rouen conforte son positionnement de hub céréalier majeur, national et européen, et progresse en termes de résultats pour la quatrième année consécutive. Avec l’Algérie comme premier client (1,57 million de tonnes). Et la Chine comme dauphin (1,46 million de tonnes).