Une commande de paquebots MSC cruciale pour les chantiers STX est suspendue à un accord syndical. "Les pourparlers avec STX ont buté sur le prix", a expliqué dans un entretien au "Figaro" mardi 17 décembre le directeur général de MSC Croisières, Erminio Eschena, qui depuis 2003 a fait construire dix paquebots de MSC à Saint-Nazaire. La commande en jeu - "deux nouveaux prototypes suivie d'une option sur deux autres bateaux identiques", précise Erminio Eschena -, est d'autant plus cruciale pour les chantiers STX qu'ils n'ont enregistré aucune nouvelle commande de paquebot, leur cœur de métier, depuis le géant "Oasis" pour l'armateur américain Royal Caribbean Cruises en décembre 2012. Une option sur un bâtiment similaire pour un milliard d'euros est en cours de négociation.
"Nous refusons le travail gratuit"
La commande MSC atteindrait quant à elle, en cas de réalisation des deux premiers paquebots puis des deux autres en options, un total de 2,4 milliards d'euro, selon directeur général cité par "Le Figaro". Le croisiériste italien souligne que les principaux concurrents de STX France, l'allemand Meyerwerft et l'italien Fincantieri, proposent respectivement des offres inférieures.
La direction des chantiers STX a refusé mardi de commenter la situation mais son directeur général, Laurent Castaing, n'a pas caché, dès le début de l'automne, les difficultés de compétitivité rencontrées par son entreprise pour conclure les commandes, suite à l'échec d'une première tentative de négociation, au printemps dernier, avec les syndicats.
Débrayage de 450 à 700 salariés
Selon les syndicats, la direction de STX est revenue vers eux le 13 décembre pour obtenir de leur part un "engagement à négocier et aboutir à un accord" le 18 décembre, faute de quoi STX ne pourrait décrocher la commande MSC. Une des demandes de la direction était l'augmentation temporaire de 20 minutes du temps de travail quotidien, sans rémunération supplémentaire. La CGT et FO, qui représentent 53 % des salariés en suffrages cumulés, ont refusé. "Nous refusons le travail gratuit", a précisé pour FO Nathalie Durand-Prinborgne, dénonçant un "chantage à la commande". De son côté, la CFDT (32 % des suffrages) a accepté de s'engager à négocier mais "ce n'est pas un chèque en blanc", a précisé Johan Jardin. "J'espère que les salariés ont conscience que c'est l'avenir de l'entreprise qui est en jeu", a-t-il ajouté. Un débrayage a réuni mercredi 18 décembre entre 450 et 700 salariés devant les portes du chantier à Saint-Nazaire.