Le secteur du BTP qui souffre depuis plusieurs longs mois décroît de 9,5 % et affecte les résultats des trafics sur le bassin Rhône-Saône. «Il ne faut pas oublier qu’en volume cette filière représente 40 % des trafics», remarque Vincent Zurbach, chargé d’études à la direction territoriale de VNF. Les matériaux de construction, les sables et granulats piquent du nez et le stock de sel n’a pas beaucoup bougé avec l’hiver clément 2014-2015. La filière chimie fléchit de 14 % alors qu’elle était stable ces dernières années mais les effets conjoncturels se font sentir. Cette filière génère entre 500.000 et 600.000 tonnes par an de trafic. La métallurgie n’est pas au beau fixe avec - 15 % pour le trafic d’exportation de ferrailles à recycler et un opérateur de moins dans la région de Sète. «Encore une cause conjoncturelle qui nuit à une croissance affichée pourtant pendant une dizaine d’années», observe Rachid Bioud, responsable développement transport de VNF.
"L’agroalimentaire représente un tiers des trafics"
Les motifs de satisfaction concernent l’agroalimentaire avec une croissance des exportations de céréales (blé de Bourgogne, maïs…) alors que, ces deux ou trois dernières années, cette filière contribuait plutôt à faire baisser la moyenne du bassin. L’agroalimentaire représente un tiers des trafics en tonnes-kilomètres. Les engrais aussi affichent un solde positif. Ils concernent essentiellement des importations du bassin méditerranée (Égypte, Tunisie…). La filière Bois se maintient bien tant avec le bois rond, dont les sources sont en Bourgogne et dans le Jura, que pour le bois débité en plaquettes et en planches. Une ligne régulière assurée par plusieurs artisans bateliers entre les ports de la Saône et Tarascon est organisée tous les dix jours. L’usine Fibrexcellence (papeterie) contribue à l’industrialisation de cette filière. Les ports de destination du Maghreb accueillent les bois pour le marché de la construction. «Actuellement, des tests grandeur nature sont menés pour le transport de bois broyé, en plaquettes ou copeaux», remarque Vincent Zurbach. Le Grand Lyon étudie la faisabilité d’implanter une centrale à biomasse énergie qui serait basée près du port de Lyon. «Cela fait partie de ces nouveaux marchés que nous recherchons pour contrebalancer le ralentissement ou la perte d’autres trafics». Les trafics liés à l’économie circulaire font partie aussi de ces champs de diversification avec par exemple le recyclage des déchets qui retrouvent une seconde vie. Ces marchés amélioreront le fond de cale des bateliers mais il sera difficile de compenser rapidement la baisse ou la perte de marchés laissée par les centrales thermiques ou le charbon qui représentait 300.000 tonnes par an.
Les colis lourds et transports exceptionnels représentent un marché que les acteurs du fluvial recherchent aussi car il génère une certaine valeur ajoutée. Les contraintes environnementales et réglementaires qui pèsent de plus en plus sur le transport routier exceptionnel devraient favoriser le report modal.
En ce qui concerne les conteneurs 20’ et 40’, la progression est de 1 % seulement. De janvier à septembre, ce sont 76.163 EVP qui ont été traités sur le bassin dont 31.000 EVP pour l’export soit une progression de 8,5 % tandis que l’import a diminué de 6,5 %. L’espoir demeure d’atteindre les 100.000 EVP comme ce fut le cas en 2014 malgré le ralentissement économique de l’Asie et des pays émergents. Aujourd’hui, les performances de Fos sont rassurantes et les terminaux permettent d’opérer les barges dans de correctes conditions. La région Rhône-Alpes reste la deuxième région économique et industrielle de France et, contrairement au niveau national, sa balance commerciale est excédentaire et cela se traduit dans le nombre de «boîtes» traitées notamment à l’export.
La croisière prend aujourd’hui un bon rythme avec 24 paquebots fluviaux dont 6 de 135 mètres et qui transportent 110.000 passagers internationaux par an. Ils devraient être 28 en 2016 et 30 en 2018.
Le projet de déchèterie fluviale (écocentre fluvial) suit son cours et, malgré quelques problèmes, son lancement est toujours prévu pour 2016. La barge existe, elle doit être transformée. Soutenu par le Grand Lyon, le projet est porté par Sita (filiale de Suez Environnement), la CNR, CFT et VNF qui subventionnera l’adaptation de la barge. Cette initiative avait été lancée lors du salon Pollutec 2014 de Lyon.