Dans son dernier rapport semestriel, l'Observatoire du véhicule industriel (OVI) de BNP Paribas Rental Solutions Trucks fait état d'une situation toujours préoccupante, malgré l'amélioration progressive des indicateurs. Si le marché se stabilise après cinq ans de crise, les transporteurs routiers disposent d'une faible marge de manœuvre. Les volumes sont stables à 164,7 millions de tonnes-km transportées en 2013, soit un léger recul de 0,1 %, après une baisse de 6,6 % l'année précédente. L'OVI reprend dans son étude l'analyse du Comité national routier (CNR), qui fait état d'un arrêt de la dégradation de la productivité (- 0,1 %), après huit années de décrochage (-11,3 %).
"La productivité cesse de se dégrader, après huit années de décrochage"
"Néanmoins, face à une conjoncture morose et à une concurrence accrue, les entreprises de TRM disposent de peu de possibilités pour améliorer leur rentabilité ou répercuter dans leurs tarifs la hausse de leurs coûts, comme celle du coût d’usage de l’autoroute (+ 79,5 % depuis 2003)", déplore l'observatoire, qui invoque aussi les incertitudes liées aux modalités d'application de l'Écotaxe et le coût du passage à la norme environnementale Euro VI. Autre motif d'espoir, pourtant, la part de l'international dans le TRM français ne recule plus (+ 0,2 % en 2013), une première depuis dix ans.
Sur la question spécifique du véhicule industriel, l'OVI observe que la dégradation des ventes se poursuit, à la fois pour le véhicule neuf et pour celui d'occasion. "Les anticipations Euro VI auront fortement impacté le quatrième trimestre de l’année passée, permettant au marché 2013 de se conclure sur un niveau correct mais provoquant dès le début de cette année une position d’attentisme", estime l'observatoire. Le nombre d’immatriculations a ainsi chuté de 16.191 unités, au cours des cinq premiers mois de l'année, soit - 5,7 % par rapport à début 2013, qui n'était pas reluisant. "Un tel niveau constitue une alerte puisqu’en vingt-cinq ans seules les années 1993, 1994 et 2010 ont connu un plus mauvais démarrage", précise le rapport. Celui-ci met en cause les tracteurs qui reculent de 9,6 % (8.497 unités) et la persistance de la dégradation des porteurs avec une baisse de 1,1 % (7.694 immatriculations). "Du fait du manque de renouvellement de véhicules neufs", le marché du véhicule d’occasion recule de 8,7 % après la baisse de 6,5 % au trimestre précédent, ajoute l'OVI. Seule amélioration constatée, celle du marché des semi-remorques, qui progressait fin mai de 7 % (soit 7.906 unités) par rapport à 2013, "sous l’influence principale du marché du dry fret, qui progresse de 20 %".
Perspectives pessimistes pour 2014
Ces chiffres posent question alors qu'à l'échelle européenne la reprise est qualifiée de "claire" sur les quatre premiers mois de l'année comparé à 2013, avec 72.600 immatriculations (+ 8,8 %). Cette croissance est soutenue par les pays de l’Est (+ 17,6 % en 2013 et + 22,8 % sur les cinq premiers mois de 2014). La Pologne est devenue le quatrième marché du continent, alors que l'Allemagne, l’Espagne et l’Italie ont enregistré sur les quatre premiers mois des progressions respectives de 18,3 %, 43,7 % et 9,7 %. Seul le Royaume-Uni connaît les mêmes difficultés que la France d'après l'OVI.
Avec un fort taux de chômage une faible production industrielle européenne et française, un BTP en berne et un manque de visibilité sur l’Écotaxe, l'Observatoire du véhicule industriel ne s'attend toujours pas à une amélioration pour 2014 : "Les effets d’inertie sont tels qu’il serait nécessaire que les commandes reprennent significativement dès la rentrée de septembre pour faire de 2015 un exercice satisfaisant".